Les syndicats disent que les propositions ne vont pas assez loin et appellent à des améliorations urgentes des ratios patients-personnel
Le personnel hospitalier a rejeté les nouveaux plans de réforme du système de santé et appelle à des manifestations à grande échelle ce printemps.
Nous décrivons les points clés des mesures proposées par le président Emmanuel Macron au début du mois pour faire face à la pénurie de médecins et à la détérioration des conditions de travail :
Le modèle de financement des hôpitaux à réformer
Sa promesse que les hôpitaux soient gérés par une collaboration entre le personnel administratif et médical a été bien accueillie par les travailleurs de la santé.
Tout comme l’engagement de mettre fin au modèle de financement T2A actuel, qui alloue des fonds aux hôpitaux en fonction de la productivité.
Cela a été accusé de pousser les hôpitaux à courir après la rentabilité et les traitements qui rapportent le plus de financement, et de sous-évaluer les soins de longue durée.
« Il faut changer : la T2A n’est pas adaptée aux maladies chroniques », a déclaré le Dr Olivier Milleron, cardiologue et membre du Collectif Inter-Hôpitaux, fondé pour protéger les hôpitaux publics.
« Mais dire que nous allons mettre fin à T2A sans dire ce qui va le remplacer est un message déroutant, voire choquant. »
Il s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée par différents groupes de travailleurs de la santé pour appeler à une action urgente et à un mouvement collectif.
Dr Floriane Zeyons, cardiologue et membre de Minute de silence, un mouvement d’agents de santé observant une minute de silence pour dénoncer l’état de la santé publique, a déclaré: « Malgré certains objectifs louables et à long terme, comme la fin de la T2A, aucune mesure concrète n’a été prise. ont été prises pour améliorer immédiatement la prise en charge des patients.
Aide pour les maladies chroniques
Le groupe affirme en particulier que les plans ne font rien pour remédier aux pénuries de personnel.
Le gouvernement a déjà supprimé le numerus clausus, la limite du nombre d’étudiants en médecine qui peuvent poursuivre leur deuxième année, mais le président Macron a admis : « Nous allons voir, dans les années à venir, une situation qui va empirer en termes d’accès aux soins de santé. Nous ne formons pas de médecins en un ou deux ans.
Le président a promis aux 600 000 personnes atteintes d’une maladie chronique qui n’ont pas de médecin généraliste qu’elles en auraient un, ou une équipe de spécialistes, d’ici la fin de l’année.
La semaine de travail de 35 heures à l’hôpital est trop rigide
Il a également critiqué « l’ultra-rigidité » des 35 heures pour le personnel hospitalier.
Le ministre de la Santé, François Braun, a précisé plus tard que la semaine de 35 heures ne serait pas abolie mais qu’il serait plus facile de réclamer des heures supplémentaires.
Plus d’argent pour les médecins de garde
Le président Macron a également promis de mieux rémunérer les médecins qui offrent des services en dehors des heures de travail et acceptent de nouveaux patients.
« On ne peut pas avoir, d’un côté, des médecins qui s’épuisent au-delà de ce qui est raisonnable pour être de garde le week-end, pour prendre un patient pendant le déjeuner, pour toujours en faire plus et qui se sentent responsables de la population locale… et dire que nous aurons la même approche avec eux qu’avec les médecins qui disent « je ne peux pas prendre une seule personne de plus ».
Les syndicats disent que la profession infirmière est « en sous-effectif et sous-payée »
Cela n’a pas suffi à convaincre les syndicats de santé, qui réclament une amélioration drastique des ratios patients-personnel pour rendre la profession plus attractive.
Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat des infirmiers SNPI, a déclaré : « Le gouvernement dit qu’il faut fermer des lits car il y a 60 000 postes d’infirmiers vacants mais 180 000 infirmiers en âge de travailler sont partis.
« Nous devons juste en convaincre un tiers de revenir, mais ils ne reviendront pas pour la détérioration des conditions de travail, la mise en danger des patients, le manque de personnel et le sous-paiement. »
Aucune mention de l’augmentation des honoraires des médecins de Macron
Des milliers de médecins généralistes privés ont fermé leurs cabinets et se sont mis en grève en décembre et janvier.
Leurs demandes comprenaient le doublement des frais de consultation standard de 25 € à 50 €, dont la plupart seraient remboursés pour les patients du système de santé.
La mesure ne figurait pas dans le discours du président.
Les médecins ont déclaré être submergés par les tâches administratives et ont déclaré que les frais de 50 € pourraient être utilisés pour financer du personnel supplémentaire à qui ceux-ci pourraient être délégués.
Le président Macron a déclaré que davantage d ‘«assistants médicaux» seraient recrutés pour aider aux tâches administratives.
La fonction d’assistant médical a été créée en 2018. Actuellement 4 000, leur nombre devrait passer à 10 000 d’ici fin 2024, soit un an plus tôt que prévu.