Plus de 3 500 médicaments connaissent des pénuries, contre seulement 43 en 2008, selon de nouveaux chiffres, y compris des médicaments qui traitent des affections graves
Des milliers de médicaments d’usage courant et vitaux connaissent des pénuries en France, mettant les approvisionnements, les pharmacies, les médecins généralistes et les patients sous une tension croissante.
Le paracétamol et l’amoxicilline s’aggravent depuis plusieurs mois, notamment en janvier.
Mais la situation générale semble s’être considérablement détériorée au cours des 15 dernières années. En 2008, 43 médicaments dits essentiels connaissaient une pénurie. Cela se compare à 871 en 2018 et à plus de 3 500 en 2022.
Certaines catégories de médicaments ont été particulièrement touchées. Les personnes les plus susceptibles de voir des pénuries comprennent :
- Médicaments anti-infectieux
- Médicaments du système nerveux (anti-épilepsie, anti-Parkinson)
- Médicaments cardiovasculaires (anti-thrombose)
UN ‘rupture de stock‘ signifie ceux qui ont des retards de plus de 72 heures pour les patients qui en font la demande.
La pharmacienne Isabelle Maachi-Guillot, chef de la division des produits de santé au CHU de Bordeaux, a déclaré au Monde qu’il existe une liste quasi interminable de produits qu’elle a du mal à se procurer.
Elle a déclaré: « Actilyse et Métalyse sont utilisés pour traiter les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques. C’est très inquiétant, car les ruptures de stock durent depuis des mois. »
Il en va de même pour certains dispositifs médicaux utilisés en chirurgie, a-t-elle ajouté. « Nous passons beaucoup de temps à gérer ces pénuries mais aussi le mécontentement des personnes concernées. »
Il s’agit notamment des médecins mécontents de changer leur stratégie de traitement et des patients qui ont du mal à trouver le médicament qui leur a été prescrit une fois sortis de l’hôpital.
Pierrick Bedouch, chef du service pharmacie du CHU de Grenoble a dit la même chose.
Il a déclaré : « La gestion des ruptures de stock est devenue une routine. Pour l’instant, cela ne nous empêche pas de soigner les patients mais cela prend beaucoup de temps et d’énergie pour trouver des solutions.
Il a déclaré que sur les 2 500 médicaments utilisés à l’hôpital, plus de 300 sont en rupture de stock. Cela signifie que le personnel doit essayer d’autres options. Les alternatives pourraient inclure des formes injectables d’un médicament qui serait autrement pris par voie orale, ce qui rendrait son administration plus difficile.
M. Bedouch a ajouté : « Il s’agit d’un phénomène de santé publique qui s’aggrave de plus en plus et pour lequel nous ne voyons pas de solutions immédiates ».
La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine sont considérées comme l’une des principales causes des pénuries, d’autant plus que de nombreuses matières premières utilisées pour les fabriquer ont connu des problèmes d’approvisionnement en Chine et en Inde.
La situation en France a a même incité certaines personnes à voyager vers l’Italie voisine pour trouver des médicaments dont l’approvisionnement est faible.