Les associations de sécurité routière déplorent le comportement « de plus en plus agressif » des automobilistes, notamment en zone rurale
La Fédération française des cyclistes appelle à une action urgente pour réduire le nombre de tués et de blessés impliquant des cyclistes sur les routes françaises après qu’un rapport de 2022 a montré un bond alarmant de 30% par rapport aux chiffres de 2019 (la dernière année pré-pandémique).
La fédération déplore le comportement « de plus en plus agressif » des conducteurs, notamment dans les zones rurales, où les chiffres ont le plus fortement augmenté.
Elle demande un forum de la sécurité routière pour réunir les groupes de l’automobile et de la route avec la fraternité cycliste afin d’élaborer un plan pour tous les usagers de la route afin de garantir la sécurité des transports dits « doux » non motorisés.
« On constate de plus en plus d’agressions de la part des automobilistes, notamment dans les campagnes où les automobilistes semblent les plus intolérants envers les cyclistes », a déclaré Teodoro Bartuccio, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB).
La majorité des décès de cyclistes surviennent en dehors des villes
« Plus de 60 % des cyclistes décédés après un accident roulaient en dehors des zones urbaines », explique M. Bartuccio. « Cela entraîne une baisse du nombre de personnes copiant pour faire du vélo parmi ceux qui n’ont d’autre choix que d’utiliser les routes. .”
Il s’agissait, a-t-il dit, non seulement d’un problème majeur de santé publique, mais aussi de philosophie des transports. Avec l’encouragement du gouvernement à la « mobilité douce », les cyclistes à la campagne doivent bénéficier du même niveau de sécurité que ceux des villes, insiste la FUB.
« Que ce soit pour le sport ou les loisirs, nous devrions pouvoir rouler sans craindre les mauvais conducteurs. Nos futurs champions, dont certains participeront aux Jeux olympiques de Paris 2024, sont tout aussi concernés que les utilisateurs occasionnels de vélo », indique le rapport. .
L’ivrogne rurale pénètre dans le peloton
Le reportage a été publié juste après qu’un automobiliste a fauché 13 jeunes cyclistes du Vélo Club du Pays de Guingamp, blessant grièvement deux d’entre eux, samedi 21 janvier, en Bretagne.
En état d’ébriété, le conducteur d’une Audi a fait une embardée en dépassant les cyclistes. Plusieurs coureurs ont été transportés à l’hôpital de Saint-Brieuc avec des blessures graves.
Au total 244 cyclistes ont perdu la vie sur les routes de France en 2022, indique le bilan provisoire publié par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Il s’agit d’une augmentation de 30 % par rapport à la dernière année pré-pandémique, 2019.
« Malheureusement, et cela va de pair avec le développement des mobilités douces, on assiste à une augmentation inquiétante de la mortalité des cyclistes et des utilisateurs d’engins de déplacement personnels motorisés. [MPD] », a déclaré la déléguée interministérielle à la sécurité routière, Florence Guillaume.
Il est assez clair que la campagne présente le plus de danger pour les cyclistes
Ce pic « inquiétant » a donné lieu à des articles sur une nouvelle baisse du vélo dans les campagnes. La radio Europe 1 a consacré un reportage entier à la tendance croissante à remettre les vélos au garage par peur des automobilistes.
Un autre rapport plus détaillé suivra ce rapport provisoire au printemps mais il est assez clair que la campagne présente le plus de danger pour les cyclistes. Bien qu’il soit contre-intuitif, les zones urbaines présentent le moins de risques. Par exemple, une seule personne a été tuée à vélo à Paris en 2022.
Un autre rapport de l’ONISR en 2021 montrait que la mortalité en milieu rural avait augmenté quatre fois plus vite qu’en ville. Il est en hausse de 37 % contre 7 % en agglomération.
Les seniors en voyage de loisirs sont les plus exposés. En 2022, 38 % des cyclistes tués avaient plus de 55 ans et sont décédés sur une route de campagne. La principale hausse de la mortalité concerne les 75 ans et plus, toujours hors agglomération, le mercredi.
« Le sportif du dimanche en short lycra, maillot aux couleurs vives et casque profilé, court un risque beaucoup plus élevé que le salarié nantais qui roule en Bicloo, cheveux au vent, pour se rendre au bureau », explique le journaliste du Monde Olivier Razemon dans son livre Le pouvoir de la pédale.
Lien avec des limites de vitesse accrues
Les décès sur les routes ont été les plus marqués dans les départements où la limite de vitesse a été relevée à 90 km/h.
« C’est une vitesse complètement mortelle pour les cyclistes », prévient Thibault Quéré, porte-parole de la Fédération française des usagers du vélo (Fubicy), qui évoque aussi des comportements à risque (alcool, drogue, excès de vitesse).
Une autre cause citée est le manque de pistes cyclables sur les routes départementales et nationales. « C’est l’angle mort des politiques publiques », explique Mathieu Chassignet, ingénieur spécialisé en mobilité durable.
L’augmentation des décès de cyclistes sur les routes doit, par ailleurs, être replacée dans le contexte d’un boom des déplacements urbains à vélo depuis la pandémie de Covid-19. La pratique du vélo en ville a, en effet, augmenté de 34% en 2022, selon les chiffres de Vélo & Territoires cités par l’ONISR dans son rapport. Cependant, la mortalité urbaine augmente à un rythme beaucoup plus lent.
Comme on l’a vu dans d’autres pays, plus le nombre d’utilisateurs de vélos est important, plus leur mortalité relative diminue ainsi que celle des piétons et même des automobilistes. M. Razemon a déclaré : « Les cyclistes contribuent, par leur seule présence, à ralentir la circulation. Plus ils sont nombreux, plus ils incitent les automobilistes et les motards à ralentir ».
La sécurité en chiffres
C’est ce qu’on appelle « la sécurité par les chiffres », a déclaré M. Chassignet : « D’abord, les automobilistes s’habituent à leur présence et les prennent davantage en compte ; de plus, le rapport de force s’inverse sur la route, l’automobiliste ne peut plus se précipiter ; enfin, de plus en plus d’automobilistes se déplacent eux-mêmes ponctuellement à vélo et prennent conscience des enjeux de la cohabitation. »
Aux Pays-Bas, pays voué au vélo (et qui encourage l’utilisation des petites voitures), le nombre d’accidents au kilomètre parcouru est plus faible qu’en France, alors qu’il est très élevé aux Etats-Unis où la culture automobile prédomine, selon un Reportage dans Le Monde.
Cela ne veut pas dire que faire du vélo en ville est sans risque. L’un des principaux risques urbains concerne les poids lourds qui tournent à droite. Souvent, ils ne voient pas le cycliste en raison d’un angle mort.
Les femmes sont plus susceptibles d’avoir été victimes de ce type d’accident mortel à Paris, selon une analyse détaillée de Libération en 2019. Les hommes y seraient moins exposés, car ils sont plus susceptibles de traverser le feu au rouge, avant les véhicules motorisés. engager.
La seconde concerne les portières des voitures, lorsqu’elles s’ouvrent brusquement du côté d’un cycliste. Fubicy cite également des carrefours avec des emprises mal signalées ou mal conçues, qui « se transforment en hélicoptères cyclistes », selon M. Quéré.
Mais les infrastructures ne sont pas le seul problème. Aux Pays-Bas, 20% des accidents de vélo n’impliquent aucun autre usager avec l’origine souvent liée à des comportements dangereux : conduite sous influence, utilisation d’un smartphone ou vitesse excessive.
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