La cérémonie de récompenses du cinéma français a laissé les femmes de côté dans l’une des catégories principales. Face à cette situation, certaines réalisatrices ont pris la décision d’instaurer des prix qui célèbrent le travail des femmes dans le domaine cinématographique. Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large visant à mettre en lumière le talent féminin et à contrer l’invisibilisation que subissent les femmes dans le milieu du cinéma.
pas autre chose. Les César sont vendredi 24 février et l’on ignore encore le nom du lauréat de la meilleure réalisation. Toutefois, ce sera forcément un homme, puisqu’aucune femme n’a été nommée dans cette catégorie. Une absence remarquée alors qu’Alice Diop et son Saint-Omer a été choisie pour représenter la France aux Oscars, et qu’Alice Winocour et Rebecca Zlotowski ont aussi réalisé des films très bien accueillis par le public et la critique. Anne-Dominique Toussaint, productrice de L’Innocent de Louis Garrel, grand favori avec 11 nominations, a regretté cette absence : « Elles avaient vraiment leur place, c’est ahurissant qu’elles ne soient pas dans la liste. » L’Académie des César constate « avec regret » cette prédominance masculine, mais celle-ci n’est pas nouvelle. Selon une étude réalisée par le collectif 50/50, entre 2018 et 2022, seulement 20% des nommés dans la catégorie meilleure réalisation étaient des femmes, et aucune n’a emporté le César. Seul Tonie Marshall, en 2000, a remporté ce prix pour Vénus Beauté (Institut). De plus, les femmes disposent en moyenne de 3,14 millions d’euros de budget pour réaliser un film, soit 2,14 millions d’euros de moins que les hommes. Face à ce constat, Audrey Dana, la réalisatrice de Sous les jupes des filles, et Clémentine Charlemaine, co-présidente du collectif 50/50, ont toutes deux déploré l’absence de femmes dans la catégorie meilleure réalisation. Selon l’Académie, 44% des votants sont des femmes, et 69% des nouveaux membres sont des femmes. Cependant, cette parité chez les votants ne se retrouve pas dans les nominations, ce qui conduit à la dépréciation du talent des femmes et à leur non-reconnaissance. Pour répondre à cette inégalité d’accès aux prix, Véronique Le Bris a créé le prix Alice Guy, qui récompense la meilleure réalisatrice de l’année, et Marie-Charlotte Garin et le magazine Causette ont lancé le prix Cléopâtre, pour récompenser la meilleure réalisatrice et mettre en lumière les enjeux de représentation.