Qui est concerné, pourquoi les prix augmentent-ils, dans quelle mesure le « bouclier des prix » aide-t-il, combien de temps durera-t-il et comment les prix se comparent-ils à d’autres en Europe ?
Plus de 20 millions de foyers en France font face à des factures d’électricité plus élevées à partir de cette semaine après que les prix ont été plafonnés à 15% (et non 4% comme auparavant) à partir du 1er février. Nous répondons à cinq questions clés.
Qui est concerné par cette hausse ?
Environ 77% des résidences sont concernées. Il s’agit des ménages abonnés au tarif réglementé de l’électricité (tarif réglementé de vente (TRV) ainsi que ceux dont les contrats sont indexés sur la TRV.
Environ 100 000 logements sociaux, chauffés collectivement, sont également concernés.
Les prix vont-ils encore augmenter ?
Pour l’instant, c’est peu probable. La hausse des prix cette année aurait été beaucoup plus élevée s’il n’y avait pas eu le «bouclier tarifaire» du gouvernement (bouclier tarifaire)’ limitant l’augmentation.
Celle-ci a été mise en place à l’automne 2021. Sans elle, les prix auraient augmenté de 99,22 % (soit le double), montrent les chiffres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
La hausse du plafond de 15 % représente un surcoût d’environ 20 € par mois en moyenne, au lieu d’environ 180 € en moyenne, sans le bouclier tarifaire, précise le site service-public.fr de l’Etat.
Pour une famille de quatre personnes vivant dans une maison de 100m2 chauffée à l’électricité, la hausse sera de 259 € par an, soit environ 21,58 € par mois, montrent les calculs d’EDF. Sans le bouclier, cela aurait pu coûter jusqu’à 2 160 € supplémentaires par an.
Pourquoi le prix de l’électricité augmente-t-il en premier lieu ?
L’enjeu est européen.
La CRE a déclaré que les raisons comprennent:
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La pandémie de Covid-19
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Effets de la guerre en Ukraine
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Fluctuations des prix sur les marchés de l’énergie
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Coûts d’approvisionnement en énergie
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La « faible disponibilité anticipée du parc nucléaire français ». Cela était lié à la fermeture de la majorité des centrales nucléaires françaises pour réparation ou entretien préventif à la fin de l’année dernière.
Depuis le début de 2021, le redémarrage de l’activité économique a fait flamber les coûts de l’énergie.
L’invasion russe de l’Ukraine a aggravé les problèmes d’offre et de demande en 2022, ce qui a alimenté les craintes concernant l’approvisionnement en gaz. Les prix de l’électricité sont étroitement liés aux prix du gaz, et le gaz coûte beaucoup plus cher en ce moment en raison du conflit en Ukraine.
Et si la France tire 70 % de son énergie de ses propres centrales nucléaires et consomme peu de gaz, elle n’échappe pas à la hausse du prix du kilowattheure. Elle reste dépendante des prix du marché de l’énergie, qui sont influencés par les prix du commerce de l’électricité avant qu’elle n’atteigne le client.
Pour la première fois depuis près de 40 ans, la France a dû acheter plus d’électricité à ses voisins (Allemagne, Royaume-Uni et Espagne) qu’elle n’a pu en produire elle-même. Ces sources comprennent l’énergie nucléaire, les énergies renouvelables et les combustibles fossiles. Cela a également fait grimper le prix.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a jugé le marché comme « odieux » et « obsolète », et a déclaré que « ça ne marche pas ».
Combien de temps les prix vont-ils rester élevés ?
Les prix devraient rester à ce niveau au moins jusqu’à la fin de 2023. Cela s’explique en partie par le fait que l’électricité est achetée en partie à l’avance, aux prix actuels. L’absence de gaz russe aura également un effet.
L’association de consommateurs CLCV a appelé le président Macron à ce que le bouclier tarifaire reste en place « pendant deux ans pour traverser la tempête ». Jusqu’à présent, le bouclier devrait rester en place pour 2023.
Pourtant, la Commission européenne a annoncé son intention de réformer le marché européen de l’énergie cette année, face aux critiques, dont celles de M. Le Maire en France. Cela pourrait avoir un effet positif.
On ne sait pas encore ce qui pourrait se passer après 2023 en France. Le bouclier tarifaire devrait coûter à l’État 46 milliards d’euros cette année seulement, a annoncé cette semaine le ministère des Finances.
Comment l’augmentation des factures en France se compare-t-elle aux autres pays européens ?
L’augmentation en France est bien moindre que dans de nombreux autres pays européens.
Sylvain Le Falher, co-fondateur du comparateur d’énergie Hello Watt, a déclaré au Parisien : « La hausse au 1er février reste importante, mais les ménages français sont globalement mieux protégés que la plupart de nos voisins européens. »
Selon les données de Hello Watt, les prix du gaz et de l’électricité payés par les Français sont encore deux à trois fois moins chers que dans les autres grands pays européens.
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