Les budgets tendus incitent les municipalités à durcir les mesures concernant les taxes impayées relatives aux piscines, extensions et résidences secondaires
Les mairies de toute la France font de plus en plus appel à des entreprises privées pour détecter les cas de fraude à la taxe foncière dans le pays – y compris les piscines non déclarées, les résidences secondaires et les extensions de propriété.
Ne pas les déclarer peut permettre à certains propriétaires d’économiser (illégalement) sur les paiements, mais cela peut coûter à la municipalité locale des centaines de milliers d’euros en impôts fonciers locaux impayés.
Cette surveillance accrue signifie que des omissions auparavant non découvertes ou accidentelles par des résidents sont désormais détectées, parallèlement à des cas de fraude intentionnelle.
La pratique consistant à faire appel à des entreprises privées pour détecter les anomalies fiscales se généralise, selon un rapport du Parisien.
Les communes souffrent des effets du Covid et de la fin de taxe d’habitation pour tous les propriétaires principaux l’année dernière (les propriétaires de résidences secondaires doivent encore la payer). La plupart des propriétaires doivent quand même payer taxe foncière.
Cette compression des budgets a conduit les autorités à employer ces sociétés dans le but d’augmenter les revenus des biens imposables non déclarés. Les entreprises utilisent un logiciel qui aide à détecter les anomalies dans les registres fiscaux, et le personnel visite également les propriétés en personne pour vérifier si les registres détenus sont exacts.
Si une anomalie est détectée, l’entreprise transmet les coordonnées aux autorités locales qui peuvent alors solliciter l’administration fiscale départementale, la Direction départementale des impôtsà suivre.
Les entreprises reçoivent un pourcentage fixe de l’argent récupéré.
L’objectif de ces changements serait de s’assurer que chaque foyer paie le bon montant de taxe foncière pour la propriété au lieu d’essayer d’attraper ou de poursuivre les personnes qui ne paient pas le montant exact.
De nombreuses communes employant des entreprises privées se trouvent dans des départements privilégiés par les propriétaires de résidences secondaires, comme le Var ou la Haute-Corse, où l’on pense que certains propriétaires de ces résidences secondaires ne versent pas les impôts appropriés aux communes.
Qu’est-ce qui est évalué ?
L’article du Parisien met en lumière un certain nombre d’anomalies envisagées par les cabinets privés.
Ceux-ci inclus:
Classement des maisons, qui aux fins de la taxe foncière locale sont sur une échelle allant de très luxueux (1) à inhabitable (8) – certaines maisons sont encore classées à tort à 7/8 sur l’échelle en raison d’importants travaux de rénovation non déclarés
Résidences secondaires non déclarées – environ 30% des logements enregistrés comme vacants sont en réalité des résidences secondaires déclarées à tort, selon la société de technologie financière Ecofinance. Cela peut affecter négativement les communes à forte proportion de propriétaires de résidences secondaires, puisqu’elles peuvent être en droit de facturer une taxe d’habitation surtaxe sur les résidences secondaires qui ne s’applique pas aux seules résidences « inoccupées ».
Piscines non déclarées – la construction de piscines sur une propriété augmente sa valeur globale et donc augmente également le montant de la taxe foncière locale à payer.
Maisons avec la mauvaise déclaration de service de chauffage ou d’eau – lorsque les premières évaluations ont été faites en 1970, le raccordement à ces services n’était pas toujours assuré en milieu rural mais en 2023 il est très peu probable que les foyers n’en disposent pas. Ne pas en avoir réduirait la valeur de la maison (et donc ses factures d’impôt foncier), ou la rendrait potentiellement considérée comme inhabitable et donc non éligible à taxe d’habitation.
Aménagements de maison incompatibles – par exemple, lorsqu’une salle de bains est indiquée sur les registres des impôts, mais pas de douche ni de baignoire. Les paiements de taxes foncières augmentent pour les équipements tels que les bains, les poêles, etc.
45 000 € de fausses déclarations de chauffage
Parmi les entreprises qui jouent ce rôle figurent Finindev et Ecofinance. Une vingtaine de communes ont signé avec Finindev, tandis que plus de 150 ont signé avec Ecofinance.
Ecofinance a déclaré au Parisien qu’elle n’accepte pas un emploi sans estimer au préalable les impôts non déclarés qu’elle pense pouvoir récupérer.
L’entreprise a déjà remporté un grand succès, une commune de Meurthe-et-Moselle, Longuyon, déclarant avoir pu récupérer 45 000 € auprès de propriétés déclarées à tort non chauffées ; et 32 000 € de biens déclarés à tort comme inhabitables (et donc non imposables).
Lorsqu’il est contacté par Le Parisien À propos de la pratique, le spécialiste des finances de l’Association des maires du Tarn a admis que ce recours aux entreprises privées n’était « pas très positif politiquement » et que cela « n’a pas de sens d’en parler beaucoup aux contribuables ».
L’association propose néanmoins le recours au logiciel et aux entreprises privées à de nombreux maires de son territoire, « dont beaucoup sont à la recherche de nouveaux moyens d’augmenter leurs revenus », précise le spécialiste.
Mais un porte-parole de la section fiscale du syndicat CGT a également déclaré au Parisien que les données collectées par les entreprises sont parfois « prises au pied de la lettre et que les fonctionnaires doivent saisir des modifications sans vérification ». Cela pourrait entraîner « un nombre important de litiges ».
Ce n’est pas la première fois que des conseils travaillent avec des entreprises privées pour détecter des cas de fraude fiscale.
En 2021, il a été révélé que plusieurs autorités avaient testé un projet avec Google pour repérer les piscines non déclarées en utilisant la photographie aérienne. Cela s’est avéré un succès et a été déployé à l’échelle nationale en septembre 2022.