Son documentaire intitulé « Sur l’Adamant » a été récompensé du prix du meilleur film à la Berlinale 2023. Il s’agit d’un long-métrage qui suit des individus qui souffrent de troubles psychiatriques à bord d’une péniche. Ce film a été salué par un grand nombre de critiques et a remporté le prix le plus convoité de la Berlinale.
« C’est une grande joie et une fierté », a déclaré dimanche 26 février sur 42mag.fr le documentariste Nicolas Philibert, réalisateur de Sur l’Adamant, qui a reçu samedi l’Ours d’or à la Berlinale. Une distinction qui représente pour le Français une « forme de consécration ».
Le documentaire embarque le spectateur à bord de la péniche « L’Adamant » qui accueille des personnes souffrant de troubles psychiatriques à Paris. « C’est magnifique pour moi, pour le documentaire mais aussi pour la psychiatrie », a-t-il ajouté, précisant que ce film est le premier d’un triptyque.
franceinfo : Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de cette récompense ?
Nicolas Philibert : Une grande joie et une fierté. Beaucoup d’émotion. La Berlinale est l’un des trois grands festivals, donc c’est une forme de consécration pour moi. J’étais le seul documentaire en sélection, ce n’est pas évident, face à 17 ou 18 fictions. Donc c’est magnifique pour moi, pour le documentaire mais aussi pour la psychiatrie qui est fragile aujourd’hui.
« Au fond, la psychiatrie nous parle de nos failles, de nos limites, de nos peurs, nos fragilités et nos vulnérabilités. »
Nicolas Philibertà 42mag.fr
Votre film porte le nom d’une péniche qui accueille des personnes atteintes de troubles psychiatriques. Comment ce sujet est-il venu à vous ?
Je suis très attaché à la psychiatrie depuis longtemps, et c’est quelque chose qui n’a cessé depuis de me préoccuper. Pour un cinéaste, c’est inépuisable. Nous pouvons nous sentir un peu différents des patients et en même temps très proches. C’est pourquoi je n’arrive pas d’une manière surplombante, déterminée à faire ceci ou cela, mais je m’efforce de créer un climat de confiance et de favoriser les choses de manière à ce que quelque chose puisse se passer entre ceux et celles que je suis venu filmer et moi.
Il faut réussir à disparaître ?
Non, il ne faut pas disparaître. Il s’agit d’être là, d’une façon discrète mais présente. Je suis dans une présence affirmée pour filmer, et je recueille ce que les personnes veulent bien me donner. Je ne force pas les portes, je n’insiste pas, mais j’essaie de susciter la rencontre, de faire que la rencontre entre eux et nous soit possible. Il y a beaucoup de moments sur le tournage où la caméra est dans un coin, et puis de temps en temps, je vais la chercher, parce que quelqu’un, tout d’un coup, me raconte quelque chose. Je saisis des moments sur le vif, mais aussi quelques fois quand quelqu’un vient me parler et je lui dis « attendez, je vais chercher la caméra, vous allez me raconter ça, ça m’intéresse ! »
Vous dites qu’il s’agit d’un triptyque. La suite est en tournage ?
C’est le premier volet d’un triptyque, pas d’une trilogie. Les deux autres films ne seront pas la suite. Ce seront deux films différents. On pourra voir les suivants sans être obligé d’avoir vu le premier, c’est important de le dire. Les trois films seront indépendants, mais on y retrouvera néanmoins certains protagonistes.