Les parlementaires ont pris une décision unanime en faveur du retrait de l’autorité parentale à un parent qui a été condamné pour des actes de violence envers des enfants ou un conjoint. Toutefois, Anne Bouillon, une avocate spécialiste en droit des femmes, ne soutient pas cette décision automatique. Elle estime qu’il faut examiner chaque cas individuellement et prendre en compte les circonstances entourant le délit pour déterminer si le retrait de l’autorité parentale est justifié ou non.
Je ne soutiens pas l’idée d’une « automaticité du retrait de l’autorité parentale » en cas de violence. Car cela reviendrait à faire du juge un « distributeur automatique de peine ». Cette solution, à l’initiative de la députée PS Isabelle Santiago, a été votée jeudi soir à l’unanimité par les députés. Cependant, je préfère un débat dans le prétoire pour discuter de cette question. En effet, le retrait de l’autorité parentale signifie que seul un des parents pourra prendre toutes les grandes décisions qui concernent l’enfant. Cela touche à une figure très importante et à une prérogative très puissante dans notre culture patriarcale. Il faut donc analyser chaque situation de manière individuelle. On sait qu’il peut y avoir des cas où le maintien de l’autorité parentale peut nuire à l’enfant, mais aussi à l’autre parent. C’est ce qu’on appelle le continuum des violences, c’est-à-dire que l’autorité parentale est investie comme un moyen de continuer à faire pression sur l’autre parent, non pas pour imposer quelque chose dans le cas d’une coéducation, mais juste pour entraver l’autre parent. Il est donc nécessaire de prendre en compte chaque situation, afin de marquer le fait qu’il n’est plus acceptable de considérer qu’un parent violent est un bon parent.