Le S-métolachlore, généralement utilisé dans les cultures de maïs, de tournesol et de soja, doit être retiré de la vente après que des études ont trouvé des « niveaux inacceptables », y compris dans l’eau destinée à la consommation humaine
Un herbicide majeur utilisé dans l’agriculture française est sur le point d’être interdit par les autorités sanitaires après qu’il a été découvert qu’il avait des liens avec la pollution de la nappe phréatique.
L’interdiction totale d’un herbicide est un fait rare en France.
L’herbicide S-métolachlore sera retiré pour la plupart de ses usages majeurs en France, a confirmé l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), le 15 février.
Elle précise que des études d’experts ont montré que trois produits liés à cet herbicide avaient été retrouvés dans les nappes phréatiques (les eaux profondes de la terre qui remplissent la nappe phréatique), à des teneurs supérieures à celle fixée par la législation européenne.
Des niveaux de contamination inacceptables ont été trouvés, mais aucun risque pour l’eau du robinet
L’utilisation du produit est autorisée depuis 2004 et environ 2 000 tonnes sont réparties sur les cultures en France chaque année. Il est utilisé notamment pour les cultures de maïs ou de maïs mais aussi de tournesol et de sorgho.
Il est vendu par la société de chimie agricole Syngenta. L’entreprise a maintenant six mois pour arrêter la vente du produit et les agriculteurs ont un an pour cesser complètement de l’utiliser.
Elle intervient après que l’Anses a publié un rapport sur la question en septembre 2021. Elle a examiné des données sur la contamination des eaux souterraines, des eaux de surface et des eaux destinées à la consommation humaine.
Il a trouvé: « L’examen exhaustif des données disponibles a montré une présence assez omniprésente de [S-metolachlor], dans tous les compartiments aquatiques. Nous avons noté des niveaux de contamination inacceptables… supérieurs à 0,1 ug/l (0,1 microgramme par litre).
« Cependant, il n’y a aucun risque pour les consommateurs. »
En 2019, près d’un tiers des échantillons d’eau du robinet à travers le pays ont identifié un résidu d’herbicide.
L’étude de l’Anses a révélé qu’après avoir été épandu, l’herbicide se décompose et devient persistant dans le milieu environnant.
Après la publication du rapport, les restrictions concernant l’utilisation de l’herbicide ont été intensifiées, notamment en réduisant les doses maximales pour les cultures de maïs, de tournesol, de soja et de sorgho. Cependant, ces mesures n’ont pas suffi à faire passer les niveaux de contamination en dessous des seuils acceptables.
En réaction, l’Anses a décidé d’aller de l’avant avec une interdiction totale. Elle a fondé sa décision sur les conclusions d’un prochain rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Celui-ci devrait sortir dans les prochaines semaines.
Cela pourrait alors conduire l’Union européenne à choisir de ne pas réautoriser l’utilisation de l’herbicide dans l’ensemble du bloc.