Le Sahel est ravagé depuis plus de dix ans par des actes de violence jihadiste qui ont engendré des pertes humaines importantes. En effet, des dizaines de milliers de personnes y ont perdu la vie sous les coups des terroristes. Parmi les pays les plus affectés, le Burkina Faso compte plus de 10 000 morts suite à ces attaques meurtrières. Une situation alarmante qui a poussé les gouvernements de la région à prendre des mesures en vue de combattre l’insécurité grandissante.
La 28ème édition du festival de cinéma africain Fespaco met en avant différents rôles féminins, notamment des héroïnes de la lutte antijihadiste, un sujet devenu central ces dernières années au Sahel. La réalisatrice burkinabè Apolline Traoré déplore le manque de visibilité des femmes lorsqu’on parle de terrorisme. Son film de fiction « Sira » raconte l’histoire d’une jeune fille de 25 ans enlevée par des jihadistes, qui fait preuve de courage et d’intelligence pour survivre. Apolline Traoré souhaite mettre en avant le rôle majeur des femmes dans la lutte contre le terrorisme.
De son côté, l’actrice burkinabè Nafissatou Cissé explique avoir voulu donner une voix à ces femmes et incarner l’espoir en incarnant le personnage de Sira. Dans le court-métrage « L’envoyée de Dieu », la réalisatrice nigérienne Amina Mamani montre également la force des femmes face à la violence jihadiste qui frappe son pays. La fillette kidnappée pour commettre une attaque kamikaze sur un marché va décider autrement.
D’autres films en compétition mettent également en avant des personnages féminins, tel que « Epines du Sahel » de Boubakar Diallo, qui témoigne de la ténacité d’une infirmière envoyée dans un camp de déplacés internes ayant fui la violence.
La réalité a souvent rattrapé les fictions des réalisateurs. Apolline Traoré avoue avoir été bouleversée par le récit d’une femme cherchant pendant 5 jours où se réfugier avec une balle dans l’épaule et deux enfants. Boubakar Diallo a également dû rassurer et mettre en confiance des personnes déplacées qui avaient peur en voyant des militaires armés.
Après l’attaque de Solhan en juin 2021, la plus meurtrière de l’histoire du Burkina Faso, le gouvernement a décidé de ne pas renouveler l’autorisation du tournage de « Sira », dans le nord du pays. Apolline Traoré confie avoir très peur de montrer son film qui est très sensible et frais dans le cœur des Burkinabè et des Sahéliens.