Élisabeth Borne a utilisé l’article controversé 49.3 pour faire passer les réformes, provoquant une réponse furieuse des députés de l’opposition
Le gouvernement français a utilisé l’article 49.3 pour imposer sa réforme controversée des retraites sans vote au parlement.
Il est intervenu après une réunion d’urgence du cabinet jeudi 16 mars après-midi et a déclenché une réponse furieuse des députés de l’opposition.
Le Sénat a adopté le texte plus tôt dans la journée.
Les réformes, qui incluent le relèvement de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans, ont dominé les ondes en France pendant des semaines. Des manifestations et des grèves ont eu lieu ces derniers mois pour montrer leur opposition aux changements.
La Première ministre Élisabeth Borne a décidé d’utiliser l’article 49.3 après l’apparition de craintes que le gouvernement n’obtienne pas une majorité de députés pour soutenir les réformes.
Des personnalités gouvernementales, dont le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, avaient auparavant déclaré vouloir éviter d’utiliser l’article.
Bien que l’utilisation de l’article signifie que la réforme a été adoptée sans vote, Mme Borne a déclaré : « Un vote aura lieu », car elle « ne doute pas » que plusieurs motions de censure contre le gouvernement sont probables (c’est toujours la procédure dans les 24 heures suivant l’utilisation de l’article 49.3).
Le député communiste Fabien Roussel a déjà déclaré qu’un vote de défiance allait être déposé.
Fabien Roussel : « La motion de censure est prête » pour contrer le 49.3 expliqué par le gouvernement pic.twitter.com/LPoOyXhTAo
— BFMTV (@BFMTV) 16 mars 2023
Cependant, Mme Borne a déclaré: « Si tout le monde avait voté avec sa conscience et en cohérence avec ses positions précédentes, nous ne serions pas dans cette position cet après-midi. » Elle a critiqué « tous ceux qui ont tout fait pour bloquer le vote », et a ajouté : « Les cris qui se produisent alors que j’essaie de parler n’en offrent qu’une preuve supplémentaire ».
« Ils bafouent la démocratie »
Mme Borne a eu du mal à se faire entendre au parlement alors que les membres du parti d’extrême gauche La France Insoumise (LFI) chantaient La Marseillaise l’hymne national et d’autres députés ont crié leur opposition.
Borne est obligée de crier son intention de dégainer le 49.3, sous les teintes et des hurlements… Toutes ces concessions à la droite pour en arriver là. Un désastre politique pic.twitter.com/fGme4ZU3wF
– Nils Wilcke (@paul_denton) 16 mars 2023
Le député LFI François Ruffin, réagissant à l’utilisation du 49.3, a déclaré à FranceInfo : « Ils foulent aux pieds la démocratie comme ils foulent aux pieds les travailleurs en France. »
Mme Borne a déjà fait face à des appels à partir de politiciens de l’opposition, dont Marine Le Pen.
Le patron du syndicat CFDT, Laurent Berger, a promis que « l’histoire n’était pas finie ». Juste avant l’annonce de la nouvelle, il avait déclaré : « Si cette réforme est adoptée, la colère et l’opposition ne s’arrêteront pas au niveau individuel et collectif. Ce sentiment continuera d’exister.
Les émotions étaient également vives dans l’hémicycle. Une vidéo a émergé du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti posant une main de soutien sur l’épaule du ministre du Travail Oliver Dussopt.
Les députés du parti d’extrême droite Rassemblement national ont crié « démissionnez, démissionnez! », tandis que d’autres députés de l’opposition ont scandé « démocratie, démocratie », suggérant que l’utilisation du 49.3 est antidémocratique.
Avant le vote, certains députés ont admis qu’ils avaient eu du mal à décider dans quelle direction aller.
Maxime Minot, député de l’Oise, a déclaré à FranceInfo : « J’avoue que je me sens dans le brouillard. J’étais totalement contre mais maintenant je réfléchis et je réfléchis. Alors j’avoue que je vais y réfléchir. Je vais peser les points pour et contre.
Certains, cependant, ont été décidés. Ian Boucard, député du Territoire de Belfort, a déclaré : « Non, je ne bougerai pas. Je ne suis pas favorable à un abaissement de l’âge légal de départ à la retraite, car il nécessite beaucoup plus de réformes structurelles, notamment en ce qui concerne notre rapport au travail.
« Cette réforme s’appuie sur l’effort des travailleurs. »
Grèves en cours
Avant le vote, le chef de la CGT, Laurent Berger, a exhorté les députés: « Ne votez pas pour cette loi, c’est un geste contre les travailleurs et votre salaire. »
Des manifestations et des grèves se sont poursuivies tout au long de la journée, notamment des blocages dans les lycées, les raffineries de carburant et sur le réseau ferroviaire SNCF.
D’autres grèves devraient être annoncées suite à l’utilisation de l’article 49.3 jeudi.
En milieu d’après-midi, des milliers de personnes s’étaient rassemblées place de la Concorde à Paris pour protester contre la décision du Premier ministre français.
ALERTE – Des milliers de personnes se produisent sur la #Concorde contre le 49-3.
« ÇA VA PETER ! » pic.twitter.com/1ocPYIzJXD
— Clément Lanot (@ClementLanot) 16 mars 2023
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