Au milieu des protestations en cours contre la réforme controversée des retraites en France, nous récapitulons les perturbations auxquelles sont confrontés les voyageurs vendredi et pendant le week-end
Les trains
La SNCF a indiqué dans un nouveau communiqué vendredi 10 mars que « la circulation des lignes reste très perturbée », les perturbations devant se poursuivre au cours du week-end.
Environ 90 % des TGV ont été supprimés et seuls 25 % des trains Intercités circuleront. Deux tiers des services Eurostar fonctionnent, ainsi que 60% de Thalys, ainsi que des trains vers la Suisse et l’Allemagne. Seul un tiers des trains vers l’Italie circulent et un quart vers l’Espagne.
La SNCF a recommandé aux passagers d’annuler ou de reporter leurs voyages et de travailler à domicile, dans la mesure du possible. Il a également conseillé aux personnes qui n’ont pas pu reporter leur voyage de vérifier les mises à jour de leur service prévu sur les « canaux SNCF habituels » après 17h00 la veille de leur voyage.
Les passagers TGV et Intercités seront contactés par e-mail ou SMS si leurs trains sont concernés, et pourront modifier ou annuler leur service gratuitement ou pour un remboursement complet (à condition de le faire avant le départ du train).
Vols
Environ 20% des vols sont toujours annulés dans de nombreux aéroports du pays, dont Paris-Orly, après que la direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de se préparer à l’action des contrôleurs aériens.
Samedi (11 mars), Orly, Marseille, Nantes, Toulouse et Bordeaux seront concernés, mais seuls Orly, Marseille et Toulouse devraient être concernés dimanche (12 mars).
La DGAC a déclaré que « les passagers qui le peuvent doivent retarder leur voyage et se renseigner auprès de leur compagnie aérienne pour connaître le statut de leur vol ».
Des retards allant jusqu’à 45 minutes sont toujours attendus dans une grande partie du trafic aérien.
Les stations-service
Un pourcentage faible mais significatif de stations-service à travers la France connaît des pénuries de carburant, selon les chiffres du site Web prix-carburants.gouv.fr.
Cela survient alors que le personnel des raffineries de carburant continue de faire grève et que les livraisons aux dépôts et stations sont bloquées (cependant, la raffinerie Esso-ExxonMobile de Port-Jérôme-Gravenchon, en Normandie, a notamment levé sa grève aujourd’hui, rapporte Le Parisien).
L’analyse du 8 mars a montré que 6% des 10 000 stations du pays étaient à des niveaux bas, en particulier dans l’ouest et le nord-ouest.
L’Union française des industries pétrolières (UFIP) estime ce chiffre plus proche de 7 %. Ceci est directement lié aux grèves des retraites, a-t-il déclaré.
Pourtant, le président de l’UFIP a reconnu : « Malheureusement, il y a des stations-service qui manquent en permanence de carburant, quelles que soient les grèves. » Pourtant, il a déclaré que la plupart disposaient encore d’approvisionnements suffisants, car il existe « 200 dépôts en France ».
Les dépôts contiennent des stocks de carburant déjà livrés par les raffineries, et ils continuent d’approvisionner les stations-service dans la majorité des cas.
Le porte-parole de l’UFIP, Olivier Gantois, a cherché à rassurer les automobilistes en déclarant à 42mag.fr aujourd’hui (9 mars) : « Il n’y a pas de problèmes d’approvisionnement dans les stations-service aujourd’hui ».
Il a déclaré que certaines stations ont signalé des pénuries en grande partie parce que certains conducteurs inquiets ont complètement rempli leurs réservoirs par mesure de précaution.
La collecte des déchets
Après des grèves à l’incinérateur de déchets d’Ivry-sur-Seine (le plus grand d’Europe) hier (9 mars), les éboueurs de certains quartiers ont également arrêté le travail.
A Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) notamment, rapporte Ouest-France, les collectionneurs ont décidé de renouveler leur mouvement de grève.
Coupures d’électricité
Le syndicat CGT a déclaré qu’il y avait eu de nouvelles coupures d’électricité en Moselle et en Savoie, à la suite des grèves des ouvriers de l’électricité.
A Thionville (Moselle), la mairie et le tribunal correctionnel ont été privés d’électricité, tandis qu’au Bourget-du-Lac (Savoie), 2.000 clients ont également été coupés, a précisé Enedis.
D’autres grèves prévues
D’autres grèves et mouvements de retraite sont prévus dans les prochains jours.
La septième journée nationale de mobilisation doit avoir lieu demain (samedi 11 mars), tandis qu’une autre journée est prévue la semaine prochaine, probablement mardi ou mercredi, pour coïncider avec les débats en cours au Sénat.
Par ailleurs, le mouvement Fridays for Future France marche également aujourd’hui, cette fois sur le changement climatique. Une manifestation a commencé à l’Opéra à 14h00 à Paris (vers la Place de la Bastille), et d’autres marches ont également lieu dans plusieurs autres villes et villages à travers le pays.
Nous y sommes presque ! Vous avez maintenant les lieux de rassemblement, partagez les et invitez tous vos potes à aller rejoindre.
S’il n’y a rien chez vous : RDV devant votre mairie, avec pancarte pour communiquer sur votre grève pour le climat #vendredispourl’avenirfrance pic.twitter.com/K0xRw8s4HE
— Fridays For Future France (@Fridays4futurFR) 9 mars 2023
Débat au Sénat : qu’en est-il du texte ?
Le Sénat en est actuellement à son huitième jour de débat sur la loi. Elle a déjà adopté l’article 7, très contesté, après de nombreux amendements. C’est l’article qui fait passer l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans.
Le gouvernement a décidé aujourd’hui de manière controversée d’utiliser l’article 44.3 du code de la loi. Cela permet à l’exécutif d’accélérer la procédure parlementaire, et de faire voter plus rapidement l’ensemble des sénateurs sur l’ensemble du texte, dans un processus appelé « vote bloqué (vote bloqué).
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a réclamé un « vote unique », tenant compte de certains amendements.
Mais les opposants et les critiques ont condamné l’action comme « un signe de faiblesse ».
Le président Macron a déclaré qu’il ne « verrait pas les syndicats de toute urgence », bien qu’ils appellent à une réunion, mais qu’il « écoute », et a déclaré qu’il ne « sous-estime pas la détresse et l’anxiété » des Français face aux changements. Cependant, il maintient toujours que les réformes sont « nécessaires ».