Les réglementations de l’UE et les turbulences post-Brexit ont laissé le secteur avec un « horizon sombre », selon des groupes industriels
De nombreux pêcheurs français ont entamé une grève de deux jours pour souligner un « fléau de crises » qui frappe leur secteur, notamment la réglementation européenne et les troubles post-Brexit.
Ils sont appelés à sortir jeudi (30 mars) et vendredi (31 mars) pour demander plus de soutien gouvernemental.
Le groupe industriel le Comité national des pêches (CNP) déclare que journées mortes (jours morts) dans les ports français signifierait qu’aucun bateau de pêche ne sortirait, qu’il n’y aurait pas de vente de poisson et qu’il n’y aurait pas de transformation d’aliments pour poisson.
Le CNP affirme que chaque comité local peut décider du ou des meilleurs jours de grève.
Certains ports sont déjà passés à l’action et le mouvement serait bien soutenu.
Les ouvriers du port français de Boulogne-sur-Mer sont entrés en action dimanche soir, et la pêche est à l’arrêt depuis le mardi 28 mars. Des manifestations ont également eu lieu à Rennes et Lorient.
Les marins-pêcheurs expriment leur colère devant la préfecture des #cotesdarmor un #saintbrieuc pic.twitter.com/JjIH5zzbns
— Ouest-France 22 (@OuestFrance22) 29 mars 2023
Le maire de Boulogne, Frédéric Cuvillier, a également appelé à un « front unique » au niveau européen. Il a déclaré qu’il était contre les réglementations européennes qui « remettraient les métiers, les traditions, les économies et, en fin de compte, le patrimoine humain en veilleuse ».
Les réglementations impopulaires de l’UE incluent l’interdiction prévue du chalutage des fonds marins dans les zones marines protégées d’ici 2030 et la récente décision du Conseil d’État d’interdire la pêche dans certaines zones de l’Atlantique français dans le but de protéger les dauphins du golfe de Gascogne. Au lieu de cela, ils appellent à l’utilisation de sonars et de filets spéciaux anti-dauphins pour empêcher les dauphins d’être pris dans la pêche.
Le CNP a déclaré, dans un communiqué à l’AFP : « Les vannes sont ouvertes. Nous devons donner un avenir à tous les acteurs de notre secteur car aujourd’hui l’horizon est sombre. Le secteur a condamné le gouvernement comme étant « désengagé » de la mer.
Et d’ajouter : « Ces ‘jours morts’ sont le résultat d’une ‘action unie’ et d’une coordination entre pêcheurs, mareyeurs et mareyeurs : car à terme, la disparition d’une partie de la flotte menacera directement l’ensemble du bassin d’emplois, depuis les ports jusqu’aux usines de transformation.
Le mouvement réclame également le paiement des subventions au diesel, qui, selon les manifestants, « n’ont pas été payées depuis six mois », et des règles plus unifiées sur les règles de pêche et de sécurité des navires en France, qui sont actuellement complexes.
Réponse du ministre : « Solidarité et force »
Le ministre délégué à la Mer, Hervé Berville, a répondu qu’il était « solidaire de l’esprit du mouvement », et a dit vouloir « faciliter le quotidien administratif des pêcheurs ».
Il a promis de «renforcer le travail collectif» fait pour aider le secteur, notamment lorsqu’il s’agit de le protéger et de le promouvoir contre certaines réglementations européennes. Il a déclaré qu’un accord était nécessaire sur la manière d’éviter la « capture accidentelle de cétacés » sans menacer les moyens de subsistance des pêcheurs.
Brexit et « pas de vision d’avenir »
Les flottes de pêche en France ont diminué de plus de 25 % en 20 ans et les poissons pêchés dans les eaux françaises ne représentent plus que 25 % des produits vendus dans les magasins français, affirme le CNP.
Le Brexit est également considéré comme ayant conduit jusqu’à 90 navires à ne plus pouvoir opérer, a-t-il déclaré. Le groupe a affirmé que le secteur était « compromis par un harcèlement incessant et un soutien au coup par coup sans vision d’avenir ».
Le groupe a également envoyé une lettre ouverte au président Emmanuel Macron la semaine dernière et a demandé à être vu par lui à l’Elysée dans le but de trouver un accord. Elle demande désormais la « suspension de la participation à tous les organismes de gestion environnementale » jusqu’à ce qu’elle reçoive une réponse satisfaisante.