Des individus faisant partie de La France Insoumise réclament la « destitution d’Emmanuel Macron ». Est-ce simplement une figure de style ou un véritable plan d’action ? Même au sein de la Nupes, il y a des personnes qui se posent des questions sur les objectifs de LFI. L’analyse politique de Jean-Rémi Baudot.
Plusieurs partenaires de La France insoumise se demandent ce qu’il faut vraiment penser de l’approche révolutionnaire soutenue par Jean-Luc Melenchon et ses alliés. Dans la situation tendue actuelle autour des retraites, jusqu’à quel point leur discours radical alimente-t-il les tensions ? Mettent-ils en doute nos institutions, comme le prétend l’Élysée ?
Un responsable écologiste pense que « Mélenchon veut que le pays s’enflamme, il veut renverser Macron ». Les termes « renverser », « faire tomber » ou « faire chuter » sont effectivement régulièrement employés par les Insoumis. Cela signifie-t-il un remaniement, une dissolution ou une démission ? En réponse à cette question, Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, déclare souriant : « Chaque chose en son temps ». Ce sourire entretient l’ambiguïté entre un appel au soulèvement et le respect des institutions.
L’ambiguïté est en réalité une stratégie. Elle crée un doute sur les intentions réelles des Insoumis, mais elle vise principalement à mobiliser et canaliser les mécontentements. C’est là qu’intervient l’ADN du populisme de gauche.
Dans un discours de 2012, Jean-Luc Mélenchon déclarait vouloir « conflictualiser tout (…) pour transformer un peuple révolté en peuple révolutionnaire ». Mais dans le même discours, il louait la démocratie et les élections. Une sorte de « en même temps »… Mélenchon a d’ailleurs appelé au calme mardi.
Une députée LFI admet que « notre stratégie, c’est de prendre le pouvoir ». Tandis qu’une autre insiste sur le fait que « la révolution n’est qu’une métaphore ». Officiellement, la dissolution est donc la solution recherchée… À moins que le peuple ne se soulève réellement ! Aucun élu LFI contacté ne dénonce la possibilité d’un soulèvement populaire. Serait-ce donc leur projet secret ? Encourager le chaos pour renverser le système ? Mettre en place la VIe République ?
Un responsable du Parti Socialiste se moque : « Les insoumis se font plaisir avec un discours révolutionnaire, mais aucun ne serait prêt à prendre le Palais d’Hiver ». Une allusion à la révolution bolchévique de 1917. En politique, l’ambiguïté est parfois aussi un argument puissant.