Un élu nationaliste et l’avocat de la famille d’un détenu ont récemment affirmé que la surveillance de leur client aurait été compromise en raison de la disparition d’un signalement d’une surveillante de prison. Ce signalement aurait été enregistré dans un logiciel de l’administration pénitentiaire, mais aurait mystérieusement disparu par la suite. Cependant, les magistrats spécialisés en charge de l’affaire ont déclaré que cette alerte n’avait jamais été renseignée et ont mis en doute la véracité de ces allégations. Selon eux, cette affaire relève davantage de manipulation politique que d’une réelle négligence de la part de l’administration pénitentiaire.
Les magistrats du Parquet national antiterroriste (Pnat) ont pris position sur l’affaire de l’assassinat d’Yvan Colonna, qui avait été violemment agressé dans la prison d’Arles en 2022, avant de décéder plusieurs semaines plus tard. Suite à une commission d’enquête parlementaire et aux déclarations de l’avocat de la famille du militant nationaliste corse, une polémique avait éclaté concernant l’administration pénitentiaire et un possible effacement de données sensibles, notamment une alerte survenue la veille de l’agression.
Le président de la commission d’enquête parlementaire, Jean-Félix Acquaviva, avait laissé entendre que cette alerte avait été sous-estimée par l’administration pénitentiaire, et qu’elle avait peut-être même été effacée après l’agression. La surveillante aurait entendu un groupe de trois détenus, dont l’agresseur présumé, le jihadiste Franck Elong Abé, prononcer cette phrase : « Je vais le tuer. » Selon l’élu, la surveillante aurait alerté sa direction et noté ses observations dans un logiciel réservé aux détenus particulièrement signalés.
Cependant, le Parquet national antiterroriste a démenti cette thèse, affirmant que la surveillante n’avait jamais déclaré avoir renseigné le fichier, et que les données sur la discussion des détenus ne figuraient pas dans le logiciel. Les magistrats du Pnat ont précisé que les investigations judiciaires en cours portaient notamment sur les observations des surveillants pénitentiaires avant, pendant et après les faits, sans indication que le signalement concernant les propos menaçants aurait été intégré dans le logiciel et supprimé par la suite.
Parallèlement aux investigations de la commission d’enquête, les juges d’instruction ont demandé la levée du secret-défense, afin de vérifier si l’agresseur avait pu être instrumentalisé, ou s’il était une source référencée du renseignement pénitentiaire, comme le suggère la famille d’Yvan Colonna et la commission d’enquête parlementaire. Les investigations judiciaires se poursuivent donc, dans un contexte de polémique et de suspicion envers l’administration pénitentiaire.