Raffineries de pétrole bloquées, vols et trains annulés et on parle de « mobilisation historique »… que sait-on des grèves des retraites d’aujourd’hui ?
La France a fait face à une grève majeure aujourd’hui (7 mars) avec des travailleurs des secteurs clés des transports et d’autres participants à la sixième journée de protestations contre les propositions de réforme des retraites du gouvernement.
Que sait-on de l’ampleur de l’action aujourd’hui ?
L’action semble généralisée. Le chef de la CGT, Philippe Martinez, a déclaré à 42mag.fr qu’il attendait jusqu’à 1,4 million de manifestants à travers le pays.
Les chiffres de la CFDT et du SNES suggèrent qu’il y a plus de 260 manifestations en cours.
Image : BMFTV.com / CFDT / SNES
Le chef du syndicat CFDT, Laurent Berger, a salué la journée comme une «mobilisation historique» qui a été «meilleure que le 31 janvier… avec beaucoup plus de monde dans les marches».
Il a déclaré qu’il y avait au moins 20 % de manifestants en plus aujourd’hui par rapport à la journée de grève du 31 janvier, qui a vu au moins 1,27 million de personnes participer (selon le gouvernement ; les organisateurs disent que 2,5 millions de personnes étaient impliquées).
Le président du syndicat CFE-CGC, François Hommeril, a déclaré ce matin à la chaîne politique Public Sénat que le « seuil symbolique du million [protesters] serait enfreint ».
Nous savons aussi que :
- Marseille : La CGT a estimé que 245 000 personnes étaient présentes (la police dit qu’il y en avait 30 000)
- Bordeaux: Les syndicats espéraient attirer plus de 50 000 personnes, ce qui (selon eux) dépasserait le chiffre observé le 7 février (bien que la préfecture ait estimé ce nombre à 9 500 bien moins).
- Rennes : Des heurts ont éclaté hier soir entre manifestants et forces de l’ordre après que certains auraient bloqué une route importante, la RN24.
- Paris: Des représentants de plus de 400 lycées participent à l’action, a indiqué la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne (FIDL), avec 250 sites complètement bloqués
- Calais : 6 000 manifestants ont été dénombrés ce matin au début des marches de protestation, plus que les 5 000 dénombrés par les syndicats les 19 et 31 janvier.
- Nantes : Les syndicats ont déclaré qu’ils espéraient plus de 70 000 personnes, ce qui dépasserait (selon eux) les chiffres observés dans la ville le 11 février.
- Valenciennois : Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans la rue.
Parmi les industries ayant annoncé publiquement leur implication, a déclaré TotalEnergies – parmi celles qui devaient travailler le 7 mars – 64% étaient en grève, ce qui équivaut à 190 personnes sur les 296 employés en service.
La raffinerie de Normandie, qui est la plus grande de France, a déclaré que 75 % des travailleurs étaient en grève ce matin.
Le syndicat FO a indiqué que 100% des travailleurs étaient en grève au dépôt TotalEnergies de Madryck, près de Dunkerque. Jusqu’à 90 % des ouvriers sont en congé à la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône).
Carburant et routes : que sait-on des blocages ou des pénuries de carburant ?
Les travailleurs bloquent aujourd’hui les raffineries de carburant, y compris celles des marques TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos.
La poursuite des grèves pourrait entraîner des pénuries de carburant dans les stations-service – bien que rien n’indique qu’il y ait actuellement des pénuries (ou un risque de pénurie).
Les raffineries continuent de produire du carburant, et les pénuries ne commenceraient à se produire qu’après plusieurs jours ou semaines d’arrêt, les réserves des 10 000 stations-service françaises étant encore importantes.
La dernière fois qu’il y a eu des grèves prolongées dans les raffineries de carburant, en octobre 2022, les pénuries d’essence ont commencé à se faire sentir, poussant le gouvernement à réquisitionner le personnel en grève pour ouvrir des stocks afin de permettre les livraisons d’essence et de diesel.
Cependant, Frédéric Plan, délégué général du groupe pétrolier la Fédération Française des Combustibles et Carburants, qui représente environ 1 000 stations-service, a déclaré que la situation actuelle n’est « pas vraiment comparable » à octobre.
Il a ajouté qu’il n’y a « pas de tensions » à la pompe aujourd’hui, et que les stations-service sont mieux préparées désormais, avec une utilisation « stratégique » des stocks.
Il a déclaré à 42mag.fr: « Ce qui s’est passé à l’époque, c’est un effet domino sur la logistique, accentué par la peur des automobilistes qui ont trop rempli leurs réservoirs. »
Le fournisseur TotalEnergies a déclaré : « Nous confirmons qu’il n’y a pas de pénurie de carburant dans nos stations-service. Les stocks sont à un niveau élevé.
Le site Linternaute.com dispose d’un moteur de recherche grâce auquel vous pouvez rechercher les dernières mises à jour d’essence et les niveaux de stock dans les stations-service près de chez vous, tandis que le gouvernement dispose également d’une carte interactive et consultable qui montre les stations-service et les points de vente.
Vous pouvez également consulter les niveaux d’approvisionnement et les prix des stations-service en utilisant l’application MonEssence.fr.
Trains, avions et ports : quelle est la gravité de la perturbation des déplacements ?
Les travailleurs des secteurs clés des transports font partie des principaux grévistes aujourd’hui, des perturbations étant attendues dans les trains, les services de ferry et les aéroports.
Rien qu’à Paris-Charles-de-Gaulle ce matin, environ 400 personnes et véhicules ont pris part à une marche, en vue de finir devant les aérogares pour manifester leur opposition à la réforme des retraites. Cependant, ils ont déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention de bloquer l’accès du public à l’aéroport.
Les services entre le Royaume-Uni et la France ont également été interrompus.
- Eurostar : 16 des 26 services réguliers ont été annulés entre Londres et Paris, ainsi que 6 autres entre Londres et Bruxelles
- Ferries : Des retards ont été signalés sur de nombreux services entre les principaux ports, y compris sur les services P&O Ferries entre Douvres et Calais. P&O a recommandé aux passagers de reporter leur voyage si possible.
- Compagnies aériennes : EasyJet a annulé au moins 18 vols entre le Royaume-Uni et la France.
- Métro et bus : La RATP a mis en garde contre une circulation très perturbée, notamment sur les lignes de métro et de RER. La circulation des bus et des tramways sera cependant presque normale, bien que certaines perturbations puissent survenir.
L’AFP précise qu’à la mi-journée, 39% des salariés de la SNCF étaient en grève. C’est moins que le chiffre du 19 janvier, qui évaluait le pourcentage de grévistes à 46,3 %, mais plus que le 31 janvier, qui l’évaluait à 36,5 %. Parmi les chauffeurs, 76 % sont en grève, aux côtés de 55 % des conducteurs.
Ce qu’ils ont dit : Citations clés des principaux acteurs du conflit
Plusieurs personnalités syndicales de haut niveau se sont exprimées dans les médias pour marquer leur opposition aux plans.
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Philippe Martinez, chef de la CGT, a appelé aujourd’hui les jeunes à participer à l’action, affirmant que leur avis sera « déterminant » à l’avenir. Il a déclaré ce matin à 42mag.fr que les jeunes devraient « rejoindre les marches », car « c’est leur avenir qui est en jeu ».
Il a ajouté: « Personne ne peut dire que nous ne les avons pas prévenus que nous irions plus loin si nous n’obtenions pas une meilleure audition de la part du gouvernement et du président. »
- Laurent Bergerchef du syndicat CFDT, a salué la journée comme une « mobilisation historique ».
- Jean-Luc Melenchon, leader politique de gauche, a déclaré que « la bataille commence aujourd’hui ». Il a dit : « C’est une énorme poigne de fer du peuple envers une personne : le président. » Il a déclaré qu’Emmanuel Macron était « directement et personnellement responsable de cette situation », et a ajouté qu’aujourd’hui « a été un événement historique dans notre pays, avec un mouvement social d’une ampleur jamais vue depuis 30 ou 40 ans ».
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Boris Vallaud, député socialiste, a déclaré dans une lettre ouverte adressée à M. Macron et publiée dans Libération, que le projet de réforme des retraites « menace la démocratie ». Il écrit : « Vous imposez cette réforme au milieu d’une crise sociale qui dure depuis cinq ans (dont la Gilets jaunes l’action et la guerre d’Ukraine).
« Vous ne le voyez pas ? Le pays souffre, et le mal qui le ronge, c’est l’injustice. Le mouvement dans les rues est massif. Et, quoi qu’il en coûte à la démocratie, vous l’ignorez, vous restez sourd et insensible.
- Eric Sellinià la CGT-Chimie, a déclaré à Libération que le syndicat visait à « mettre à genoux l’économie française », tandis que le secrétaire général, Emmanuel Lépinea déclaré que « le but est de bloquer toute l’économie, notamment par des grèves… dans la production, la distribution et les importations de carburant ».
- Cependant, Monsieur BERGER, de la CFDT, a nié l’idée de « mettre l’économie à genoux », car il a déclaré que cela menacerait l’emploi des travailleurs. Au lieu de cela, il a déclaré : « Cela a toujours été clair pour nous. Ce que nous voulons, c’est une énorme journée de mouvement aujourd’hui. Quant aux autres initiatives, nous en déciderons ce soir lors de la réunion intersyndicale.
- Manuel Bompard, député du parti d’opposition La France Insoumise, a invoqué la même métaphore. Il a dit : « Personne ne veut mettre la France à genoux [but] le gouvernement n’écoute pas.
L’action se poursuit, les syndicats devant se réunir ce soir pour discuter de la possibilité d’une action future. Plusieurs syndicats ont déjà appelé à des grèves « renouvelables » et à la poursuite des manifestations.
