Julien Plouton, avocat des parents de Chahinez Daoud, la femme assassinée par son mari à Mérignac en 2021, s’apprête à lancer une procédure contre l’Etat pour faute lourde. Selon lui, l’Etat a failli à sa responsabilité en matière de protection des victimes de violences conjugales. Julien Plouton a en effet dénoncé des « défaillances consternantes » dans la prise en charge de Chahinez Daoud et de sa situation, notamment en matière de suivi et d’accompagnement. Cette procédure vise donc à faire reconnaître la responsabilité de l’Etat dans cette tragédie et à obtenir réparation pour les proches de la victime.
Les parents de Chahinez Daoud, une femme assassinée par son mari à Mérignac en 2021, ont décidé de poursuivre l’État pour faute lourde, selon leur avocat, Julien Plouton. Ce dernier reproche une série de dysfonctionnements du service public de la justice entre la condamnation du suspect pour violences conjugales le 25 juin 2020, et l’assassinat de Chahinez Daoud dix mois plus tard. Cette procédure intervient presque un an après le meurtre de la victime, âgée de 31 ans, brûlée vive en pleine rue par son mari. Elle avait déposé plainte pour des violences un mois et demi plus tôt.
En effet, alors qu’il était incarcéré après des accusations de violences conjugales, le mari de Chahinez a appelé à 36 reprises la jeune femme, lui promettant de revenir au domicile conjugal, malgré l’interdiction, affirme Me Julian Plouton. La victime décide alors de porter plainte pour la première fois, mais le juge d’application des peines n’en est pas avisé.
Lorsque le suspect sort de prison, ni Chahinez, ni son avocate n’en sont informées, selon Me Julian Plouton. Trois mois et demi plus tard, la mère de famille est agressée en sortant du supermarché. Son compagnon la force à monter dans un fourgon, la frappe et la menace de l’étrangler. Elle porte donc une nouvelle plainte, doublée le lendemain d’un appel à la police. Les forces de l’ordre émettent une fiche de recherche, mais l’homme reste libre. Lors de deux entretiens avec son agent de probation, il avoue avoir repris contact avec Chahinez.
L’avocat de la famille de Chahinez estime que ces incidents attestent d’une faute lourde de l’État. Me Julian Plouton réclame un million d’euros de dédommagement, mais assure que cette démarche est avant tout symbolique. Selon lui, depuis rien n’a changé et il évoque notamment le féminicide survenu la semaine dernière à Saint-Laurent-d’Arce (Gironde). L’avocat estime qu’il reste un travail important à faire, notamment au niveau de la sensibilisation des services d’enquête sur la réactivité qu’il faut avoir dans ce genre de dossier.