Le gouvernement a récemment mis en place une stratégie visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs et également à prolonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes. Cependant, face à cette décision controversée, certaines mesures ont été proposées, suscitant une grande agitation. Parmi ces mesures, la suppression de l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN) est vivement critiquée. En effet, l’IRSN a pour mission principale de garantir la sécurité des installations nucléaires et de prévenir les risques liés aux radiations. La suppression de cette institution menacerait ainsi la sécurité des travailleurs et des populations environnantes, laissant planer des dangers possibles pour l’environnement. Les critiques à l’encontre de cette décision ne cessent de s’intensifier et les associations de défense de l’environnement, ainsi que les organisations de lutte contre l’énergie nucléaire, s’érigent contre cette suppression. Face à ces oppositions, le gouvernement tente de faire comprendre les mesures qu’il juge nécessaires pour la construction de la centrale nucléaire et la poursuite de cette énergie.
Le projet de loi d’accélération du nucléaire est examiné par l’Assemblée nationale depuis le lundi 13 mars. Ce texte, qui comprend 650 amendements, vise à simplifier les procédures administratives pour la construction de six nouveaux EPR d’ici 2035. Le gouvernement souhaite notamment agrandir les centrales nucléaires existantes en favorisant la construction de nouveaux réacteurs sur les sites existants ou à proximité. Pour cela, il souhaite dispenser de permis de construire les installations et travaux de création des nouveaux réacteurs. La loi Littoral ne s’appliquera pas pour la construction de nouveaux réacteurs en bord de mer s’ils sont installés proches ou dans le périmètre de la centrale nucléaire existante. Les délais d’instruction des travaux pour les parties non nucléaires seront réduits, et ces travaux pourront démarrer sans attendre le décret d’autorisation de création du réacteur.
Le gouvernement souhaite également prolonger la durée de vie des installations nucléaires actuelles en simplifiant la procédure de réexamen périodique des réacteurs de plus de 35 ans. Cependant, cette mesure suscite des inquiétudes de la part d’experts, qui redoutent des risques de fissures, de défauts ou d’incidents.
Un amendement ajouté au texte vise également à réorganiser les instances de la sûreté nucléaire en supprimant l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et en transférant ses experts à l’Autorité de sûreté nucléaire. Le gouvernement souhaite fluidifier les processus d’examen et prises de décision de l’ASN pour répondre au volume croissant d’activités lié à la relance de la filière. Cette réforme de la sûreté nucléaire suscite cependant la colère des syndicats de l’IRSN et de l’ASN, qui s’inquiètent notamment d’une fin de la séparation entre experts et décisionnaires.
En outre, les parlementaires ont supprimé l’objectif de réduire la part du nucléaire à 50% de la production électrique française d’ici 2035, qui avait été fixé sous le quinquennat Hollande. En 2021, le nucléaire représentait un peu plus de 75% de la production d’énergie primaire en France. L’hiver 2022 a vu les capacités de la filière chuter, notamment à cause de travaux de maintenance ou de problèmes de fissures dans les installations.