Même si la motion de censure a été écartée, il se pourrait qu’un remaniement ministériel soit envisagé. Si cela se produit, les ministres qualifiés de « société civile » pourraient en faire les frais. Jean-Rémi Baudot nous informe des dernières nouvelles politiques à ce sujet.
Au sein de l’exécutif, deux constats sont faits. Tout d’abord, il est nécessaire de tirer les leçons de la gestion de la réforme des retraites. Un conseiller théorise qu’il faut redéfinir les priorités et changer d’équipe, tandis qu’un ministre de Bercy prédit avec 8 à 9 chances sur 10 un remaniement à court terme.
Le gouvernement n’a pas réussi à vendre cette réforme, ce qui se traduit par le fait qu’Elisabeth Borne, pour l’instant, n’est pas menacée. Cependant, il est dit que le gouvernement ne serait pas assez efficace et pas assez politique. Ce constat émane principalement de ministres dits « politiques », qui connaissent les ficelles depuis longtemps et qui chargent leurs collègues issus de la société civile.
Cette touche de la société civile était pourtant la marque du macronisme, en particulier du premier quinquennat. Aujourd’hui, les politiques de carrière pensent à l’après-Macron et veulent reprendre la main. Les députés ambitieux trépignent également. Les ministres « société civile » du gouvernement d’Elisabeth Borne sont ainsi accusés de ne pas suffisamment incarner face à une opposition souvent bruyante, et ne pèsent pas assez pour s’imposer.
Malgré leurs compétences sur le fond des dossiers, ils ne sont pas considérés comme étant politiques, ce qui est essentiel face à l’opposition. Les ministres « politiques » pensent ainsi que des techniciens ne marchent qu’en majorité absolue et qu’il faut nettoyer le gouvernement. Cependant, les quelques lois qui sont passées depuis juin sans avoir recours au 49.3 ont souvent été négociées par des ministres issus de la société civile.
Aujourd’hui, ces derniers sont amers car ils ne préparent pas encore leurs cartons. Un ministre confie que c’est paradoxal de demander aux gens de crever l’écran sans leur en donner les moyens, tandis qu’une autre ministre rappelle qu’elle s’est déportée depuis des années de tous les sujets qui touchent de près ou de loin à sa vie professionnelle précédente, au cas où elle devrait y retourner du jour au lendemain.
L’exécutif ne compte que quelques ministres très politiques et très médiatiques tels que Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal ou Olivier Véran. Le poids politique pèse souvent plus lourd que l’expertise, ce qui illustre la petite musique anti-société civile qui règne actuellement dans l’exécutif. Seules les mesures incarnées par le Président trouvent de l’écho.