La découverte de la centrale en Normandie a suscité des appels à la société énergétique publique EDF pour qu’elle révise sa stratégie de sécurité.
L’organisme de surveillance nucléaire français a tiré la sonnette d’alarme après la découverte d’une fissure dans une centrale en Normandie.
Il a été retrouvé sur une canalisation du circuit de refroidissement qui injecte de l’eau dans le cœur du réacteur en cas d’incident.
La découverte de la centrale nucléaire de Penly, sur la côte nord de la France, a suscité des appels à la société nationale d’énergie EDF pour qu’elle « revoie sa stratégie » en ce qui concerne la réalisation de contrôles de sécurité.
L’Autorité de sûreté nucléaire française a déclaré que la fissure n’avait eu aucun impact sur les personnes ou l’environnement.
Présence d’une fissure de profondeur importante sur le réacteur 1 de la centrale #nucléaire #EDF de #Penly https://t.co/RBOtjQJg6c @EDFPenly
— Autorité de sûreté nucléaire (ASN) (@ASN) 7 mars 2023
Néanmoins, Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, a déclaré à 42mag.fr que la découverte de Penly était un « problème sérieux ».
« C’est une fissure particulièrement profonde », a-t-elle ajouté. « C’est 23 millimètres sur un tuyau d’une épaisseur de 27 mm. On était donc assez proche d’une fuite. »
Elle a toutefois précisé qu’en cas de fuite, « elle aurait été limitée à la structure de confinement », et ne serait pas rejetée dans l’environnement au sens large.
Partie d’un problème plus vaste
L’usine de Penly est actuellement hors service pour d’autres réparations.
EDF a effectué des travaux de maintenance générale et de réparation d’envergure sur un certain nombre de ses 56 réacteurs nucléaires – y compris à Penly – qu’ils jugent « sensibles » aux fissures, mais ces conduites spécifiques n’étaient pas considérées comme à haut risque, donc n’avaient pas été un priorité lors des inspections précédentes.
Des contrôles plus poussés et un report de la remise en service de certains réacteurs pour confirmer la sûreté devraient faire partie de la nouvelle stratégie d’EDF, a ajouté Mme Herviou.
EDF pense toujours que le réacteur de Penly sera de nouveau opérationnel d’ici mai.
La question de la corrosion sous contrainte dans les centrales nucléaires est un énorme problème pour EDF depuis la première découverte d’une fissure de ce type à la centrale de Civaux en 2021.
Quinze centrales ont été fermées ou arrêtées pour maintenance depuis lors, entraînant une baisse de la capacité nucléaire, et le coût de la baisse de la production et des réparations dans les centrales nucléaires a contribué pour l’essentiel à la perte de 17,9 milliards d’euros d’EDF en 2022.
Un manque d’experts techniques et un manque préalable d’investissements dans les infrastructures nucléaires signifient qu’EDF a du mal à remettre les réacteurs en service à temps pour faire face aux demandes d’énergie, et ce revers pourrait entraîner de nouveaux retards, car les contrôles de sécurité devront désormais être plus stricts.
Les réacteurs nucléaires connaissent actuellement un creux de 30 ans dans leur production d’énergie en France, une énorme brèche pour le fournisseur d’énergie étant donné qu’environ 70% de l’électricité du pays est produite dans des centrales nucléaires.