Le secrétaire général de l’Élysée, sous le coup d’une mise en examen, sera-t-il un jour amené à comparaître? Depuis qu’une première plainte a été déposée en 2018, cette affaire a vu une multitude de péripéties. Dans ce passage de « Complément d’enquête », on s’intéresse en particulier à deux documents produits par les forces de l’ordre dont les résultats sont opposés.
L’affaire sur un possible conflit d’intérêts concernant Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, a été révélée en 2018 par Mediapart. Kohler était soupçonné d’être impliqué dans un conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens avec l’armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), fondé et dirigé par des cousins de sa mère, la famille Aponte. Suite aux révélations, l’association Anticor a porté l’affaire en justice. Cependant, la plainte a été classée de manière surprenante, selon l’avocat de l’association.
Les rapports d’enquête sur l’affaire ont montré un changement de ton entre le premier et le second rapport. Dans le premier rapport, Alexis Kohler est critiqué pour sa connaissance de son conflit d’intérêts et son manque de mesures pour éviter ce conflit. Quelques semaines plus tard, un second rapport livrait une analyse différente, affirmant que Kohler n’a jamais caché son lien de famille avec MSC et qu’un déport avait été organisé pour traiter les dossiers relatifs à MSC.
Entre les deux rapports, Pierre Moscovici, ancien ministre de l’Économie, et Julien Denormandie, adjoint d’Alexis Kohler sous Emmanuel Macron à Bercy, entre autres, ont pris la défense de Kohler par écrit. Le 1er juillet, Emmanuel Macron lui-même a écrit une note personnelle pour défendre Kohler, affirmant qu’il avait été informé de ses liens familiaux avec MSC et qu’il avait demandé à être déchargé des dossiers concernant MSC. Le 22 août 2019, le Parquet national financier a annoncé le classement sans suite de l’enquête.
L’association Anticor estime que les attestations en faveur de Kohler sont « artificielles » et a demandé que le classement sans suite soit annulé et que des juges d’instruction soient saisis. Malgré la mise en examen de Kohler, Emmanuel Macron a réaffirmé sa confiance en son secrétaire général lors d’une interview au Salon de l’agriculture le 25 février 2023.
Selon des informations de « Complément d’enquête » confirmées par le Parquet national financier, deux supérieurs hiérarchiques de Kohler à Bercy ont également été mis en examen dans cette affaire pour « complicité de prise illégale d’intérêts ». Ils auraient eu connaissance des liens familiaux de Kohler avec l’armateur MSC et auraient décidé de le maintenir au conseil d’administration de structures liées à l’entreprise, notamment STX.