Chaque semaine, Clément Viktorovitch approfondit les débats et les problématiques liés à la politique. Le dimanche 5 mars, il était question de la controverse autour des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Dans le but de réduire la pollution atmosphérique dans les grandes villes, ces zones retirent progressivement l’autorisation de rouler aux véhicules les plus polluants. Cependant, cette mesure est très controversée et suscite des critiques venant tant du Rassemblement National que d’une partie de la gauche. Les arguments avancés contre la mise en place des ZFE sont nombreux et soulignent notamment le fait que cette mesure pourrait impacter négativement le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes ou encore que cela ne serait pas suffisant pour réduire significativement la pollution.
Les Zones à Faibles Émissions (ZFE), imposées par le gouvernement depuis 2019 dans les villes où l’air est très pollué, font débat. Elles devraient permettre de réduire la concentration en dioxyde d’azote dans les villes, ce qui est bénéfique pour l’environnement, mais leur application va avant tout pénaliser les plus pauvres, ceux qui possèdent des véhicules les plus anciens et les plus polluants. En effet, les ZFE vont les exclure de la circulation en ville, ce qui risque de poser un problème de justice sociale. Selon les chiffres de l’Insee, 38 % des ménages les moins favorisés possèdent un véhicule très polluant. En Seine-Saint-Denis, par exemple, ce sont même trois quarts des voitures qui devront rester au garage en 2024.
Bien que le gouvernement ait mis en place des aides à l’achat d’un véhicule moins polluant et promis une location de voiture électrique à 100 euros par mois, ces mesures ne sont pas suffisantes pour la plupart des ménages. Les ZFE risquent donc d’exclure une partie de la population de la circulation en ville, ce qui pourrait mener à une véritable bombe sociale.
Le gouvernement a annoncé des mesures de soutien, telles qu’un plan d’investissement dans le ferroviaire pour offrir des alternatives à la voiture et une concentration des aides sur les foyers qui en ont le plus besoin depuis le 1er janvier 2023. Cependant, on peut se demander pourquoi ces mesures sont mises en place si tard, alors que les conséquences des ZFE auraient pu être anticipées dès le début. De plus, ces mesures suffiront-elles à éviter des situations socialement explosives ? Un détricotage des ZFE est déjà envisagé, ce qui montre que les impératifs liés à l’écologie et à la justice sociale sont difficilement conciliables.
Il aurait pourtant été possible de développer massivement les transports en commun, de favoriser le vélo, d’aménager les villes pour réduire les distances et de revoir le fonctionnement des vignettes Crit’Air. Cela aurait demandé de l’anticipation, du temps et des investissements. L’écologie des petits pas ne suffira pas à résoudre le dilemme de l’écologie et de la justice sociale. Il est temps de prendre les problèmes à bras-le-corps.