Dans une tentative apparente de sortir de la crise des réformes des retraites, le président français s’est engagé à se concentrer sur de meilleurs hôpitaux et la loi et l’ordre
Le président français Emmanuel Macron s’est adressé à la nation depuis le palais de l’Élysée lundi soir (17 avril) dans son premier discours depuis l’adoption du projet de loi controversé sur la réforme des retraites.
Le président a adopté un ton réconciliateur, admettant qu’il y avait eu de la colère contre les réformes, qui verront notamment l’âge minimum de la retraite passer de 62 à 64 ans.
Trois nouveaux projets ont été définis sur lesquels le gouvernement se concentrera dans les mois à venir – dans les domaines de la justice, de la santé et des niveaux plus élevés de gouvernance participative – parallèlement à de nouvelles discussions sur les conditions de travail en France.
Voici les cinq points clés abordés par le président dans son allocution.
Tourner une nouvelle page après la réforme controversée des retraites ?
M. Macron veut passer rapidement du projet de loi sur la réforme des retraites et a consacré une grande partie du discours à d’autres problèmes auxquels le pays est confronté.
Il a de nouveau réaffirmé qu’il estimait que les réformes étaient nécessaires pour aider la France à lutter contre le déficit attendu des fonds de pension.
Le président a concédé que les réformes n’avaient « évidemment pas été acceptées » par tout le monde en France, mais que la colère était dirigée contre le travail qui « ne permet plus de bien vivre face à la hausse des prix ». [of food, petrol, etc]”.
Un nouveau pacte pour la vie professionnelle
Il a réaffirmé son appel aux syndicats à le rencontrer à l’Élysée mardi 18 avril et a déclaré que « la porte sera toujours ouverte » pour des discussions sur les conditions de travail.
Dans les semaines à venir, M. Macron veut créer « un nouveau pacte pour la vie professionnelle » avec l’aide des syndicats, même s’il n’est pas clair si tous les acteurs clés accepteront de s’asseoir à la table du gouvernement.
Les discussions porteront sur les « sujets essentiels » de la vie active « sans limites ni tabous », et les discussions devraient tourner autour des augmentations de salaire, des conditions de travail, de la redistribution des richesses, de l’emploi des seniors et des programmes de reconversion.
Combattre la « délinquance »
L’un des nouveaux projets de M. Macron est centré sur le renforcement de l’ordre public.
Plus de 10 000 nouveaux magistrats seront recrutés et le discours a confirmé le projet du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en février de recruter 200 brigades de gendarmerie supplémentaires.
Cette attention accrue à l’ordre permettra de lutter contre « toutes les formes de délinquance, toutes les fraudes sociales et fiscales », à partir de début mai.
Alors qu’un autre projet de loi controversé – cette fois sur l’immigration – est en attente, le président veut renforcer le « contrôle de l’immigration clandestine » de la France, tout en « mieux intégrer ceux qui [come to France legally]”.
Faire face à la crise des hôpitaux publics
Le discours a réaffirmé une volonté d’améliorer la situation dans les hôpitaux publics français, où une pénurie chronique de médecins et des «déserts médicaux» ruraux laissent les patients à court de soins vitaux.
« D’ici la fin de l’année prochaine, nous devons avoir décongestionné tous nos services d’urgence », a déclaré le président.
M. Macron a souligné le bilan de son gouvernement en matière de santé au cours de son deuxième mandat.
« D’ici la fin de cette année, 600 000 patients atteints de maladies chroniques qui n’ont pas de médecin régulier en auront un », a-t-il ajouté.
Construire de nouvelles coalitions et alliances
Enfin, un appel à accroître la participation à la gouvernance du pays. M. Macron souhaite qu’une coalition « d’élus, de forces politiques, de syndicats et de toutes les composantes de la nation » travaille ensemble.
À partir de mai, le gouvernement cherchera à inclure davantage d’institutions dans le processus décisionnel, et M. Macron a souligné l’exemple de la convention citoyenne sur l’euthanasie.
Il utilisera le Conseil national pour la refondation, que M. Macron a lancé en 2022, comme fondation, mais on ne sait pas comment cela fonctionnera en principe.
Quelle a été la réponse ?
Le discours n’a apparemment pas fait grand-chose pour convaincre ceux qui étaient déjà contre le président.
Jean-Luc Mélénchon, chef du parti de gauche La France Insoumise, a déclaré que le président était « complètement en dehors de la réalité » avec le contenu du discours.
Le député de La France Insoumise Alexis Corbière a posté une vidéo des habitants de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, protestant contre le discours de Macron en frappant des casseroles et des poêles au moment de l’allocution.
En réponse à l’allocution présidentielle, à #Montreuil des habitants tapent sur des casseroles en scandant « Macron démission » ou « on ira jusqu’au retarite » #Macron20h pic.twitter.com/VPewOYIqRM
— Alexis Corbière (@alexiscorbière) 17 avril 2023
« Rien de vraiment nouveau, rien de concret dans un catalogue de vœux pieux », a déclaré Eric Ciotti, le chef du parti de droite Les Républicains après le discours.
Marine Le Pen, chef du parti d’extrême droite Rassemblement national, a déclaré que le président avait « tourné le dos aux Français » et continuait « d’ignorer leurs souffrances ».