Ryuichi Sakamoto, le célèbre compositeur japonais, nous a quittés à l’âge de 71 ans des suites d’un cancer. Il avait laissé une trace indélébile dans l’industrie musicale en créant des musiques de films inoubliables telles que « Furyo », « Le Dernier Empereur » et plus récemment « The Revenant ». Il était également l’un des trois membres fondateurs du groupe innovant Yellow Magic Orchestra, précurseur dans l’utilisation des sons synthétiques.
Ryuichi Sakamoto, talentueux compositeur japonais de musiques de films, pionnier de la musique électronique et fervent défenseur de l’environnement, est décédé d’un cancer le 28 mars à l’âge de 71 ans. L’annonce de son décès a été faite par son équipe sur son site officiel le 2 avril. Celle-ci a ajouté que l’artiste avait vécu avec la musique jusqu’à la fin et avait souhaité des funérailles discrètes réservées à sa famille, d’où l’annonce tardive.
Maître de la musique de films
Ryuichi Sakamoto est devenu célèbre internationalement grâce à ses musiques de films, notamment celle de Furyo de Nagisa Oshima (1983), un film subversif sur un camp de prisonniers en Asie durant la Seconde Guerre mondiale, où Sakamoto joue également un rôle aux côtés de David Bowie et Takeshi Kitano. En 1988, il remporte un Oscar pour la meilleure musique de film avec Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci, avec qui il travaille plusieurs fois, notamment sur Un thé au Sahara (1990). Sakamoto a également travaillé avec Brian de Palma (Snake Eyes, Femme fatale) et Pedro Almodovar (Talons Aiguilles), et plus récemment sur la bande originale de The Revenant d’Alejandro González Iñárritu (2015).
Né à Tokyo le 17 janvier 1952, Ryuichi Sakamoto a grandi dans un milieu artistique, son père étant éditeur de romanciers japonais, dont Kenzaburo Oe et Yukio Mishima. Il découvre le piano très jeune et est fasciné par les Beatles et les Rolling Stones, ainsi que par Bach et Haydn, avant de tomber amoureux de Debussy. Tout en étudiant l’ethnomusicologie et la composition, il commence à se produire sur scène dans le Tokyo des années 1970.
Succès avec le groupe Yellow Magic Orchestra
En 1978, Ryuichi Sakamoto co-fonde le groupe Yellow Magic Orchestra (YMO) avec Haruomi Hosono et Yukihiro Takahashi. Leurs musiques électroniques auront une énorme influence sur la techno, le hip-hop et la J-pop, et inspireront les mélodies synthétisées des premiers jeux vidéo. Le succès de YMO est phénoménal au Japon, avec des tubes comme Computer Game/Firecracker samplé par le pionnier américain du hip hop Afrika Bambaataa, et Behind the Mask repris par Michael Jackson et Eric Clapton.
Après la dissolution de YMO en 1983, Sakamoto se consacre à ses projets solo, explorant divers styles musicaux (rock progressif et ambient, rap, house, musique contemporaine, bossa nova…).
Militant écologiste, antinucléaire, il était « un citoyen du monde »
Ryuichi Sakamoto collabore avec de nombreux artistes, tels que le punk Iggy Pop, la chanteuse capverdienne Cesaria Evora, le Brésilien Caetano Veloso ou encore le Sénégalais Youssou N’Dour. Il se considérait comme un citoyen du monde et vivait à New York depuis les années 1990.
Ryuichi Sakamoto était également un militant écologiste et une figure de proue du mouvement antinucléaire au Japon suite à la catastrophe de Fukushima en 2011. Pour soutenir cette cause, il a organisé un méga-concert contre le nucléaire près de Tokyo en 2012, avec bien sûr la participation de Kraftwerk. Il avait également fondé en 2007 l’ONG More Trees, qui gère durablement des forêts au Japon, aux Philippines et en Indonésie.
Ryuichi Sakamoto a été marié et divorcé deux fois et était le père de la chanteuse de J-pop Miu Sakamoto, née en 1980 de son mariage avec la chanteuse et pianiste japonaise Akiko Yano.