Deux artistes ont clairement exprimé leur point de vue lors d’une prestigieuse cérémonie de remise des prix du théâtre, suscitant une réponse rare de la part du ministre français de la Culture
La ministre française de la Culture a été forcée de se défendre après que deux artistes soient montés sur scène pour critiquer les réformes controversées des retraites du gouvernement.
Toufan Manoutcheri (humoriste) et Lucie Astier (circassienne) ont fait ces remarques lors des Molière en France (‘Les Molières‘), parmi les cérémonies les plus prestigieuses du théâtre français.
« Le [French actor] Gérard Philipe a dit un jour : « Les acteurs ne sont pas des chiens », pour dénoncer la précarité de nos carrières et la faiblesse de nos droits sociaux », a déclaré Mme Manoutcheri.
« Les travailleurs de l’industrie du spectacle, du secteur de l’énergie, les cheminots, ceux qui ramassent nos déchets, ceux qui s’occupent de nous, les enseignants… aucun de nous n’est un chien. »
« Mais tout seul, dans sa solide logique ‘ultra-libérale’, du haut de sa tour d’ivoire, [President Macron] décidé de relever l’âge de la retraite à 64 ans.
Mme Manoutcheri a ensuite adressé ses mots à la ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, qui était dans le public à la Théâtre de Paris lundi (24 avril).
« Quand allez-vous décider de rompre votre silence ? » elle a demandé. « Depuis le 13 janvier, vous ne répondez plus aux questions des syndicats sur les conséquences de cette réforme.
Le duo a ensuite quitté la scène en disant: «Vivent les cassrolades! », qui se traduit par « vive les protestations des casseroles ». C’était une référence à la forme de protestation de longue date en France dans laquelle les gens cognent des casseroles (« casseroles‘) pour faire du bruit, ce que les manifestants ont de plus en plus fait ces derniers jours, notamment, lors des visites du président Emmanuel Macron à travers le pays.
Quelques secondes plus tard, cependant, Mme Abdul Malak s’est levée et a dit : « Normalement, c’est le rôle d’un ministre de rester assis, mais ce n’est pas possible pour moi de le faire maintenant. »
« D’habitude le rôle du ministre c’est de rester assis à rien dire mais là c’est pas possible ! »
Masterclass de @RimaAbdulMalak en réponse à deux comédiennes qui ont confondu les Molières avec une rencontre de la France Insoumise. pic.twitter.com/I58isOGdFZ
— Ambroise Méjean (@Ambroise_Mejean) 24 avril 2023
« Des fonds exceptionnels »
Le ministre a répondu : « Cette phrase de Gérard Philipe date de 1957. Il n’y avait même pas de ministre de la culture à l’époque. Maintenant, il y a un ministre de la culture qui défend fortement la culture française, qui défend votre système d’intermittence, qui fait la fierté de notre pays.
« Vous avez un ministère de la culture qui vous a apporté une aide massive pendant la [health] crise, pour vous soutenir tous.
Se référant à elle-même, Mme Abdul Malak a déclaré: « Vous avez un ministre à la tête de ce ministère qui a débloqué un budget historique [against] l’inflation et les prix de l’énergie. J’ai débloqué des fonds exceptionnels pour venir en aide aux structures les plus fragiles.
Elle a également ajouté que les syndicats avaient annulé deux réunions avec elle et déclaré que « ma porte est ouverte » s’ils souhaitent changer d’avis.
Le public applaudit alors.
« Ça sent faux »
L’échange a été salué sur Twitter, certains utilisateurs l’appelant une « masterclass » pour répondre aux critiques.
Cependant, Bruno Attal, secrétaire général adjoint du syndicat France Police, a suggéré que la réponse de Mme Abdul Malak n’avait peut-être pas été aussi «spontanée» qu’elle était apparue au départ.
Il a écrit sur Twitter: « Ça sent faux. Le micro était déjà prêt. Elle sait, comme par hasard, qu’une phrase de Gérard Philippe date de 1957. Et les « spectateurs » applaudissent alors.
Il a ajouté: « Les deux ‘artistes’ lisaient à partir d’un téléprompteur, donc l’intervention du ministre semble avoir été bien préparée [in advance].
« Les applaudissements de ces ‘artistes’ qui ont reçu des milliards d’euros d’aide montrent la complicité du show business avec le pouvoir. »
Les 2 « artistes » lisaient un prompteur, donc l’intervention de la ministre @RimaAbdulMalak était bien préparé.
Les applaudissements des « artistes » assistés aux milliards d’euros de subventions démontrent la complicité du show-business avec le pouvoir. https://t.co/XwkLx74d78— Bruno Attal (@Bruno_Attal_) 25 avril 2023