Soucieux de tourner la page des réformes controversées des retraites, Macron prend la route pour tenter de faire passer son message
Emmanuel Macron a répondu aux manifestants faisant du bruit lors de sa visite en Alsace que « cogner des casseroles ne fera pas avancer la France ».
C’est arrivé alors que le président français visitait une usine à Muttersholtz (Bas-Rhin), mercredi 19 avril.
Les manifestants se sont rassemblés avant son arrivée, portant des pancartes anti-gouvernementales et des casseroles frappantes (appelées « casseroles » en français).
La situation était tendue dans un contexte d’opposition permanente aux réformes des retraites du gouvernement.
Le claquement de casseroles est un mode de protestation bien connu, largement utilisé en France. Appelé ‘un concert de casseroles‘, on pense qu’il remonte à la pratique médiévale du ‘charivari’, dans laquelle les gens étaient humiliés par d’autres villageois frappant des casseroles et des poêles devant leur fenêtre pour protester contre une action particulière (comme un mariage malavisé).
Mais le président a déclaré à la presse en attente que « les casseroles ne feront pas avancer la France… ce qui m’intéresse, c’est de construire un avenir pour nos enfants. C’est mon devoir de ne pas m’arrêter ».
Il a déclaré : « Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir échanger avec vous sur les difficultés actuelles, le coût de la vie et la hausse des prix, autant de sujets à l’ordre du jour économique et social des prochains mois. »
M. Macron, visant ces « grognements » ou « claquements de casseroles », a ajouté : « Je ne pense pas que ces gens aient envie de parler. Je pense qu’ils veulent faire du bruit. Si nous sommes dans une société où nous n’écoutons que les gens qui veulent faire du bruit pour dissimuler des mots, alors nous n’irons pas très bien.
La police a dispersé une centaine de manifestants qui s’étaient rassemblés contre la visite. Un arrêté préfectoral avait interdit par anticipation toute manifestation. La gendarmerie a prévenu, via un mégaphone, que si la situation s’aggravait, ils utiliseraient la force.
Un manifestant dit Le Figaro: « Je m’inquiète pour le pays. Nous laissons une dette à nos enfants.
Lors de la visite, l’électricité du quartier a été coupée, ce dont aucun groupe n’a encore revendiqué la responsabilité. Cependant, un représentant de la CGT Bas-Rhin a déclaré que cela avait été « parmi les options » envisagées par les manifestants avant la visite.
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT Bas-Rhin, a déclaré : « Nous en sommes quand même contents. Car tout comme pour les casseroles, il vient de perturber l’opération de communication du président.
Arrêté préfectoral « interdit les casseroles »
Quelques les rapports ont dit que le préfet du département de Ganges (Hérault) a désormais interdit aux manifestants d’apporter des casseroles ou d’utiliser des ustensiles de cuisine sur place, avant la visite du président dans le village jeudi 20 avril.
Plus précisément, le décret précise : «[We ban] tout objet susceptible de constituer une arme au sens de l’article 132-75 du code pénal, ou pouvant servir de projectile présentant un danger pour la sécurité des personnes et des biens », ainsi que « l’usage d’appareils sonores portatifs ou celles émanant de véhicules non dûment autorisés ».
Plusieurs manifestants n’ont pas pu accéder au site car ils portaient des casseroles, Le HuffPost a rapportécomme le montrent de nombreuses vidéos sur Twitter.
« Entrée des casseroles interdites dans le village »#Les100jours
France, 2023 https://t.co/PFsWtKISeJ—Julien Bayou (@julienbayou) 20 avril 2023
« A quel moment on n’a pas le droit d’avoir une casserole? ». A Ganges, les habitants découvrent, excédés, qu’ils sont privés de leur timbale à cause de la visite de Macron. L’apaisement, c’est (pas) maintenant… pic.twitter.com/0uWoY0COuz
– Nils Wilcke (@paul_denton) 20 avril 2023
Les députés verts Marine Tondelier et Julien Bayou étaient parmi les députés de l’opposition à répondre par des critiques sur Twitter, en disant : « La France. 2023. Le gouvernement prend des décrets contre les casseroles.
Serge Slama, professeur de droit public à l’université Grenoble Alpes, a déclaré au HuffPost que le décret était « illégal ».
Il a déclaré : « Cet arrêté préfectoral – signé, qui plus est, par un ancien professeur de droit public – est totalement illégal. Un périmètre de protection au sens de l’article L226-1 CSI n’a qu’une fonction : prévenir le risque terroriste et non protéger le président des huées de ses concitoyens.
La préfecture a déclaré plus tard que certains gendarmes avaient mal interprété l’arrêté.
En réponse aux informations, des manifestations spontanées de « casseroles » ont éclaté, y compris à Paris.
Paris, France… Une manifestation spontanée de casseroles éclate… cette forme de protestation est utilisée depuis des siècles contre les politiciens et les gouvernements. Un appel à Macron pour commencer à écouter. pic.twitter.com/jedSN9X0UX
— Pelham (@Resist_05) 17 avril 2023
Certains caricaturistes politiques ont également souligné les incidents de manière satirique.
Celui-ci dit : « C’est logique d’être couvert », montrant le président portant une casserole pour se protéger.
Lun #dessin publié aujourd’hui dans @unionardennais #macron #hollande #reformedesretraites #casque #casserole #actu #dessindepresse pic.twitter.com/GnqgbUUkCV
— CHAUNU (@EmmanuelChaunu) 19 avril 2023