Le jeudi dernier, la cour d’assises parisienne a ouvert un procès en lien avec l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980. Les victimes de cet attentat ainsi que leurs proches ont été entendus à l’audience. Cependant, le principal suspect n’était pas présent à ce procès. Le verdict est attendu le 21 avril prochain.
Jeudi 13 avril 2023, 43 ans après l’attentat de la rue Copernic à Paris, des victimes et leurs proches ont enfin pu témoigner de leur « traumatisme » devant la cour d’assises de Paris. Cet attentat, qui visait une synagogue, a fait quatre morts et une quarantaine de blessés, et bien que les fidèles n’aient pas été les plus touchés, il s’agissait d’un acte violent et criminel contre une communauté juive.
Les victimes ont pu prendre la parole, notamment les blessés présents sur les lieux au moment de l’explosion. Gérard Barbié, qui avait 28 ans à l’époque, se souvient du bruit assourdissant et des flammes qui ont englouti le magasin de ses parents après l’explosion de la moto piégée. Sa mère est morte trois ans plus tard, ayant gardé des éclats de verre dans son corps, et Gérard Barbié tient à souligner que les « premières victimes, ce sont les fidèles de la synagogue ». Une femme, Corinne Adler, qui avait 13 ans au moment de l’attentat et qui célébrait sa bat-mitsvah ce jour-là, a également témoigné. Elle décrit une scène d’apocalypse, mais se souvient aussi de l’humour de son grand-père, venu spécialement d’Israël pour la cérémonie : « Pour ça je n’avais pas besoin de venir à Paris ».
Le quatrième anniversaire de l’attentat de la rue Copernic, qui s’est tenu en 1984, avait vu la communauté juive manifester contre l’impunité dont jouissaient les auteurs présumés et l’indifférence des autorités françaises à leur égard. Les coupables n’ont jamais été identifiés, jusqu’à ce que Hassan Diab, un Canadien d’origine libanaise, soit soupçonné en 2008 d’avoir appartenu au Front populaire de libération de la Palestine et arrêté en 2014. Il clame son innocence, mais a été renvoyé devant les assises pour cet attentat en 2020.
Le procès, qui implique donc un accusé qui estime être victime d’une erreur judiciaire, se déroule dans un climat tendu. Les victimes et leurs proches ont attendu plus de quarante ans pour enfin pouvoir s’exprimer et demander justice, comme le rappelle la fille de Jean-Michel Barbé, l’une des victimes décédées dans l’attentat. Elle se désole que deux juges d’instruction aient prononcé un non-lieu en 2013, avant que la cour de cassation ne le rejette pour vice de forme. Bien que la plupart des responsables de l’attentat soient déjà morts, ce procès permettra peut-être de faire la lumière sur cette attaque terroriste contre des innocents, et de donner un peu de paix à ceux qui en ont été les victimes.