Les discussions parlementaires commencent ce mercredi après-midi, portant sur l’augmentation des rémunérations des professeurs, en prévision de l’annonce de décisions à prendre par le ministre en charge de l’Éducation nationale d’ici environ dix jours. Quels seront les individus impactés et quelles seront les circonstances ?
Le mercredi 5 avril, les députés ont commencé à débattre de la revalorisation des salaires des enseignants à l’Assemblée nationale, suite à une demande du groupe La France insoumise. Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation nationale, s’est engagé à prendre des mesures concernant ce sujet et devrait les annoncer dans une dizaine de jours. Les principales caractéristiques du projet sont déjà connues.
1. Quels enseignants bénéficieront de cette augmentation de salaire ?
Le projet de revalorisation des salaires des enseignants comporte deux éléments. Premièrement, une hausse de salaire pour tous les enseignants, sans conditions. Cette augmentation, dite « socle », dépendra du niveau d’ancienneté des enseignants, bien que les montants exacts ne soient pas encore connus. L’objectif de Pap Ndiaye, identique à celui de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer, est qu’aucun professeur ne commence sa carrière avec un salaire inférieur à 2 000 euros.
La seconde partie, plus controversée, est le volet « pacte », qui prévoit une prime en échange de missions supplémentaires et facultatives. Si un enseignant accepte ce pacte, il s’engage à travailler 72 heures supplémentaires par an, soit deux heures par semaine, et recevra en contrepartie un bonus de 3 750 euros brut.
2. Quelles missions supplémentaires sont prévues ?
Au collège et au lycée, ces heures supplémentaires consisteront principalement à assurer des remplacements de courte durée. Par exemple, si un professeur de mathématiques est absent, un professeur d’anglais pourra prendre cette heure de cours pour avancer sur son programme. Le ministre Ndiaye cherche ainsi à offrir une augmentation de salaire aux enseignants tout en réduisant les heures d’apprentissage perdues à cause des absences. Pour les professeurs des écoles, ces heures supplémentaires pourraient également être consacrées au soutien en mathématiques et en français pour les élèves de 6e, autre mesure proposée par le ministre.
Dans l’organisation actuellement envisagée, il sera possible de ne prendre qu’une partie du pacte, soit un tiers ou deux tiers, avec moins d’heures supplémentaires et une prime plus faible. Une enveloppe globale de 300 millions d’euros est prévue pour ce pacte pour la rentrée prochaine, et un milliard d’euros en année pleine, à partir de 2024.
3. Comment les enseignants réagissent-ils à ces mesures ?
Les syndicats d’enseignants sont farouchement opposés à ce pacte. Lors de la dernière réunion en mars, toutes les organisations ont quitté la salle sous le coup de la colère. Les annonces, initialement prévues pour mi-mars, ont été reportées à mi-avril, conformément à la promesse faite par Pap Ndiaye en début de semaine.
Les syndicats déplorent que ce pacte n’inclue pas de rémunération pour les tâches déjà effectuées, telles que l’accompagnement des élèves en situation de handicap, les projets en dehors des heures de cours et les sorties scolaires. Ils soulignent également que ce pacte risque d’accentuer les inégalités entre enseignants, notamment entre hommes et femmes, qui effectuent déjà moins d’heures supplémentaires, et entre professeurs du secondaire et du primaire.