Le régime versera 2 € pour chaque trajet non effectué. Les critiques ont condamné l’idée comme «cosmétique»
La ville de Lille, dans le nord de la France, veut tester un programme qui paierait les conducteurs pour qu’ils n’utilisent pas les autoroutes aux heures de pointe.
Le programme, baptisé Ecobonus, vise à réduire le trafic sur les routes principales aux heures de pointe.
Il fait suite à des procès similaires récents aux Pays-Bas et dans la ville de Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne, cette dernière ayant décidé de ne pas poursuivre le test.
Lille vise à recruter 5 000 volontaires pour l’expérience, qui devrait se dérouler à partir de septembre et durer neuf mois.
Elle indemnisera les conducteurs de 2 € par trajet s’ils ne conduisent pas pendant les heures de :
- 07h00 et 09h00
- 16h30 et 18h30
Sur les routes de :
- Autoroute A1 (Paris-Lille)
- Autoroute A23 (Valenciennes-Lille).
L’idée vient d’un schéma similaire en 2016, à Rotterdam.
Dans un communiqué, la ville de Lille précise : « Trois mois après la fin du procès [in Rotterdam]plus de 85 % des conducteurs évitaient encore les heures de pointe pour se déplacer. »
La ville néerlandaise a réussi à réduire le trafic autoroutier de 17 %, les chiffres montrent. Damien Castelain, président de la Métropole de Lille (Mel) ajoutée: « Même si on parvient à réduire le trafic de 6%, cela suffira à le faire circuler. »
L’autoroute A1 en particulier voit actuellement 12 000 véhicules par heure aux heures de pointe.
Qui peut participer ?
Habitants qui conduisent généralement aux heures de pointe et qui habitent Béthune, Lens, Arras, Cambrai et Valenciennes.
Les volontaires sont invités à s’inscrire au programme sur le site internet changecarapporte.frentre le 3 avril et le 12 mai.
M. Castelain a déclaré : « En mai et juin, nous vérifierons l’éligibilité des volontaires via des caméras de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation, qui seront installées à trois endroits le long de l’A1 et de l’A23.
« Les conducteurs doivent actuellement utiliser ces routes pendant les heures de pointe [to be eligible].”
Les volontaires vérifiés avec succès devront ensuite télécharger l’application dédiée et accepter qu’elle les suive à l’aide du GPS sur leur smartphone, pour vérifier qu’ils ont modifié leurs temps de conduite.
Castelain a déclaré : « Nous ferons confiance aux gens [to do it correctly]mais nous effectuerons également des vérifications.
Les critiques dénoncent une idée comme « cosmétique »
Le parti écologiste du Mel a condamné l’idée, la qualifiant de « cosmétique et illusoire, basée sur une idée fausse : que les gens pris dans les embouteillages aux heures de pointe puissent soudainement faire quelque chose de différent si vous leur payez 2 € par trajet ».
Ils ont ajouté : « Le programme de Rotterdam a utilisé la vidéo pour identifier et contrôler 12 000 participants, et a atteint 5 000 trajets évités par jour en moyenne. Mais le ministère de l’Ecologie a déclaré que ce n’était pas faisable en France.
« De plus, d’autres systèmes reposant sur la localisation GPS ont montré qu’il existe un risque important de fraude. »
Le parti écologiste a également mis en avant deux études néerlandaises, moins positives quant aux résultats du programme néerlandais. Ils ont déclaré que les résultats étaient limités et que le système a finalement été abandonné après avoir été déployé temporairement dans plusieurs villes néerlandaises. Le trafic est revenu aux niveaux précédents après deux ans, ont-ils déclaré.
Modifications des transports
Cependant, le Mel a déclaré que le programme Ecobonus n’est qu’un système qu’il teste comme moyen de changer les habitudes de transport, équivalant à 11,3 millions d’euros de financement au total.
Cela comprend les aides de l’État, de l’Union européenne et de la région Hauts-de-France.
Si le dispositif Ecobonus est considéré comme un succès, il vise à déployer le dispositif sur l’A25 (Dunkerque-Lille), l’A22 (Belgique-Lille) et la RN41 (La Bassée-Lille).
Le Mel prévoit également de dévoiler des voies de covoiturage en 2023, ce qui, espère-t-il, encouragera les gens à partager des véhicules sur des trajets similaires. Actuellement, les statistiques lilloises montrent qu’il n’y a en moyenne que 1,1 passager par véhicule sur ses autoroutes.
« D’ici la fin de l’année, et peut-être même d’ici la fin juillet, la troisième voie de l’A1 sera réservée aux autopartageurs, avec une prime de 100 € disponible en plus de l’Ecobonus », a déclaré M. Castelain.