Emmanuel Macron a déclaré ce lundi une réduction d’impôts de deux milliards d’euros pour les classes moyennes. Est-ce que la France a les ressources financières nécessaires pour le faire ? L’analyse économique de Fanny Guinochet va nous le démontrer.
Au cours de son intervention sur TF1 le lundi 15 mai, le Président français a annoncé une baisse d’impôts de deux milliards d’euros pour les classes moyennes. Les experts économiques se questionnent à présent sur la manière dont le gouvernement va financer cette mesure. Ce jour-là, Emmanuel Macron n’a fourni ni les modalités ni les détails de son projet. Il est resté vague quant à la manière de financer ces réductions d’impôts.
Le Chef de l’État a évoqué plusieurs options possibles, telles que des allégements de charges, des cotisations sur les salaires des travailleurs, etc. Une autre possibilité serait de revoir les premières tranches de l’impôt sur le revenu, comme cela avait été fait en 2019. Emmanuel Macron a indiqué que Bercy était chargé d’élaborer et de soumettre des propositions « intelligentes » en la matière.
Pourquoi deux milliards d’euros ?
Ce montant figure dans le programme de stabilité, un document d’orientation budgétaire pour les quatre années à venir, que la France a soumis à la Commission européenne il y a quelques jours. Les deux milliards d’euros représentent deux fois moins que les précédentes réductions de prélèvements dont les ménages français modestes ont déjà bénéficié au cours du dernier quinquennat. Concernant la date de la mise en œuvre de cette mesure, Emmanuel Macron est resté évasif. Il a évoqué la fin du quinquennat, en ajoutant que cela dépendra de « la trajectoire des finances publiques » à ce moment-là.
La situation budgétaire actuelle n’est pas particulièrement favorable à cette baisse d’impôts, en raison de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt. Le gouvernement mise sur la croissance économique, bien que celle-ci reste faible même en étant positive. Le pouvoir exécutif espère également générer des revenus grâce à ses réformes, notamment celle des retraites.
Il existe néanmoins un risque : que ces réductions d’impôts soient financées en creusant davantage la dette publique, qui atteint déjà trois mille milliards d’euros. La Commission européenne a d’ailleurs souligné ce lundi combien la France est en retard par rapport à ses voisins européens. Elle fait partie des pays qui peinent le plus à réduire leurs dépenses et à rembourser leurs dettes.
Au cours des derniers jours, des personnalités telles que Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, ou François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, ont exprimé leurs préoccupations. Selon elles, la France doit mettre fin aux réductions fiscales dans le contexte actuel, car elle n’en a plus les moyens. Emmanuel Macron semble ne pas avoir tenu compte de ces avertissements dans sa décision.