Bien que la France l’ait remporté cinq fois, les Français considèrent l’Eurovision kitsch et trop liée à la géopolitique
La Zarra obtiendra-t-elle le sixième titre tant attendu de la France ?
La chanteuse canadienne du Québec représente la France samedi 13 mai lors de la finale du concours Eurovision de la chanson de cette année à Liverpool.
Les bookmakers ont fait sa chanson, Preuvele quatrième favori à remporter l’extravagance de la musique pop.
Ce serait la sixième victoire de la France à l’Eurovision mais la première depuis 1977, année où Marie Myriam avait triomphé avec L’oiseau et l’enfant.
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Les deux dernières décennies ont été particulièrement épouvantables pour la France à l’Eurovision. De 2003 à 2022, la France s’est souvent classée plus en bas qu’en haut. Les années 2012, 2013, 2014 et 2015 ont été particulièrement mauvaises, la France se classant respectivement 22e, 23e, 26e (dernière) et 25e.
Une si longue attente pour une victoire a-t-elle refroidi l’enthousiasme pour le concours ? Retour sur sa popularité auprès des Français.
L’Eurovision est considérée comme kitsch
Les Français ne considèrent pas l’Eurovision avec la même importance et la même déférence que les pays d’Europe du Nord, slaves et de l’Est.
Il est souvent comparé à Miss France, un autre événement populaire d’une seule nuit qui est amusant à regarder avec des amis mais qui peut facilement être ignoré sans souffrir du syndrome de la peur de manquer ou de la pression des pairs.
L’année dernière, seulement 3,18 millions de personnes ont regardé la finale de l’Eurovision en France. Cela se compare à 8,9 millions au Royaume-Uni et 6,8 millions en Espagne.
Le spectacle, dans l’ensemble, souffre de l’idée de longue date qu’il est kitsch avec des chansons pour la plupart de qualité moyenne.
Il y a aussi le sentiment que les chansons sont classées davantage sur la base de la géopolitique que de leur qualité et de leur originalité inhérentes.
De plus, alors que des pays comme la Grèce et Chypre échangent des votes favorables, la France n’a pas l’équivalent pour lui donner des points garantis.
Un décompte du journal français Ouest-France a montré que la Suisse a donné le plus de points à la France depuis 1975 avec 159,5 points. Israël est arrivé deuxième avec 144 points, la Grèce troisième avec 143 points.
Différence de stratégie
La stratégie des entrants français diffère également des autres pays.
On s’attend à ce que les concurrents français gagnent et tout concourt à atteindre cet objectif. Mais les pays d’Europe de l’Est ou des pays nordiques semblent se concentrer davantage sur la création de musique virale qui fonctionne bien sur le plan commercial après le concours.
Cela, pourrait-on dire, signifie que les Français n’ont jamais de piste Eurovision qu’ils pensent pouvoir suivre.
Jessy Matador, candidate française à l’Eurovision en 2010, en est un bon exemple. Sa chanson, Allez Ola Olé, est le cinquième article le plus regardé – avec 64 millions de vues – sur la chaîne YouTube du Concours Eurovision de la chanson. Mais beaucoup de Français le considèrent bon marché et peu sophistiqué.
D’un autre côté, la participante arménienne l’année dernière, Rosa Linn, a terminé 20e, mais la chanson a connu un énorme succès, se classant 133e sur le Global 200 Billboard pour 2022, 21e au Royaume-Uni et 67e au Billboard Hot 100 américain.