« L’Ancien Chêne », qui pourrait représenter l’apogée de la carrière du réalisateurs britannique indestructible, est présenté en compétition ce vendredi. Une pratique bien ancrée pour celui qui a déjà exhibé presque une vingtaine de longs-métrages durant le festival de Cannes.
En 1970, Georges Pompidou siège à l’Élysée, Pelé gagne sa troisième Coupe du monde de football avec le Brésil et des figures telles que Jimi Hendrix, De Gaulle et Bourvil disparaissent. Cette même année, un jeune cinéaste de 33 ans, Ken Loach, présente son deuxième film, Kes, lors de la Semaine de la critique du Festival de Cannes. Son style, reconnaissable par ses lunettes rondes et ses cheveux en bataille, est déjà bien ancré, avec un attachement marqué pour la classe ouvrière.
L’année précédente, le film est sorti dans une relative discrétion, avec une avant-première à Doncaster, une ville du Yorkshire au cœur du bassin minier. Ce n’était pas un lieu connu pour ce genre d’événement, admet le vétéran du cinéma britannique. Un échec aurait pu le renvoyer à la BBC pour s’occuper de téléfilms. Mais l’accueil chaleureux de la critique à Cannes lui a assuré une place sur grand écran, et depuis lors, la carrière de Ken Loach est étroitement liée au festival.
Cannes et Ken Loach, un besoin mutuel
Sur les 26 films de fiction réalisés par Ken Loach, 18 ont été présentés à Cannes, dont 15 dans la prestigieuse Sélection officielle. Le réalisateur britannique explique que cette place de choix au festival n’est pas garantie, et que tout ce qu’il espère, c’est que le comité de sélection accepte de montrer son travail. Les films de Ken Loach, engagés socialement et explorant les réalités de la classe ouvrière britannique, sont devenus incontournables pour les organisateurs du festival.
Gilles Jacob et Thierry Frémeaux, qui ont la haute main sur la sélection depuis un demi-siècle, sont particulièrement friands de l’univers de Ken Loach. En réalité, ne pas sélectionner le cinéaste serait bien plus surprenant que de le choisir année après année. En outre, Ken Loach a une place particulière dans le monde du cinéma, occupant un créneau rarement exploré par d’autres réalisateurs.
Le parcours de Ken Loach à Cannes
Bien que très attaché à Cannes, Ken Loach a déjà fait quelques infidélités au festival, ayant participé à la Berlinale et à la Mostra de Venise par le passé. Cependant, ces escapades semblent appartenir au passé, et le réalisateur affirme que The Old Oak sera son dernier film et qu’il ne pourrait pas faire ses adieux ailleurs que sur le tapis rouge cannois.
La question se pose donc de savoir si Ken Loach est vraiment prêt à mettre fin à sa carrière de cinéaste. En 2014, il avait déjà promis de prendre sa retraite, avant de changer d’avis suite à la victoire des conservateurs aux élections britanniques. Ses combats sont toujours d’actualité, et il est possible que le réalisateur de 86 ans ressente encore l’envie de monter au créneau avec, en arrière-plan, le Festival de Cannes.