La cinéaste du Québec a expliqué que cela ne constituait pas un « ordre adressé au Festival », mais qu’elle avait dû « prendre position » étant donné qu’on l' »interrogeait à propos de cette question ».
La réalisatrice québécoise Monia Chokri, présente au Festival de Cannes avec la comédie Simple comme Sylvain, déplore « une sorte de violence » dans les relations humaines du monde du cinéma, « en particulier en France », et appelle à « changer les choses ».
« Une sorte de violence, en particulier en France, règne dans les rapports humains. Tout le monde se parle avec une telle agressivité… J’en ai fait l’expérience », confie-t-elle à l’AFP.
« Les gens qui sont victimes d’abus sont très nombreux, mais il y en a peu qui ont des positions de pouvoir et qui disent : ‘On veut tendre la main et, OK, on vous écoute et on pense qu’on pourrait changer les choses' », ajoute la cinéaste de 40 ans, dont le troisième long métrage fait partie de la sélection Un certain regard.
« On m’interpelle sur ce sujet »
Jeudi, avant la présentation de son film, elle avait parlé de « la mythologie du célèbre génie, cette notion de distinction entre l’œuvre et l’individu », mettant en évidence « les humiliations, les dénigrements, les colères qu’une personne ordinaire ne peut pas se permettre » et ceci, tandis que la projection d’ouverture du Festival de Jeanne du Barry a été marquée par une controverse.
La réalisatrice Maïwenn, qui a elle-même admis avoir agressé le journaliste Edwy Plenel, a fait tourner l’acteur américain Johnny Depp dans son film, banni des plateaux de tournage américains suite aux procès qui l’ont opposé à son ex-femme Amber Heard dans un contexte d’accusations de violences conjugales.
« J’ai parlé du cinéma parce que c’est mon métier. J’ai lu la lettre d’Adèle (Haenel, qui a annoncé quitter le cinéma, NDLR), il y a cette tribune des comédiennes et comédiens. J’avais l’impression que je devais me positionner car on m’interpelle sur ce sujet », explique Monia Chokri auprès de l’AFP.
« Cela concerne le métier en général. »
« Ce n’est pas du tout une injonction envers le Festival car, premièrement, j’y suis. J’ai accepté d’y aller, donc je ne me posais pas contre le Festival ou ses choix. Cela concerne le métier en général », souligne la réalisatrice québécoise.
« Les prises de parole sont politiques tout comme les non-prises de parole, insiste-t-elle. Le silence, c’est aussi politique, c’est soutenir un système. Il faut du courage pour se positionner. »
Pour Magalie Lépine-Blondeau, qui joue Sophia dans Simple comme Sylvain, le discours de la réalisatrice avant le film « est en totale symbiose et cohérence avec sa façon de travailler. Ce film, on l’a fait avec de l’amour, grâce à elle. »