« Rosalie », la deuxième œuvre cinématographique de Stéphanie Di Giusto, a été exposée à Un Certain Regard, tout comme son premier film, « La Danseuse ». La metteuse en scène aborde avec finesse la volonté d’une femme d’assumer son individualité et d’être acceptée en tant que telle.
Rosalie a une quête, un souhait pour sa vie future : être aimée par son mari. Dans son dernier film, projeté le 18 mai 2023 à Un Certain Regard, Stéphanie Di Giusto nous présente l’histoire de cette jeune femme pas tout à fait comme les autres, interprétée par Nadia Tereszkiewicz avec une grande justesse.
Rosalie, grâce à un rasage précis, dissimule un secret que son mari Abel, joué par Benoît Magimel, ne découvre qu’à leur nuit de noces. Il l’a épousée pour sa dot, pensant ainsi résoudre ses problèmes financiers, mais il n’imaginait pas que son épouse ne serait pas une « femme » ordinaire. Rapidement rejetée par son compagnon, malgré son désir de fonder une famille, Rosalie choisit d’assumer sa différence et de l’utiliser pour sauver le café dont Abel est propriétaire et qui est en difficulté.
Assumer son apparence
Dans ce deuxième film, Stéphanie Di Giusto s’est inspirée d’une femme réelle, Clémentine Delait, femme à barbe célèbre au début du XXe siècle, tout comme elle l’a fait pour son premier film, La Danseuse. Le scénario montre comment Rosalie, après s’être remise du dégoût qu’elle suscite chez son mari, décide de lui être utile en utilisant son apparence pour le salut financier de leur foyer. Elle compte sur la curiosité des habitants de sa communauté, dans la France de 1870, pour attirer une nouvelle clientèle au bistrot.
Rosalie, pleine de candeur et de joie de vivre, est un personnage attachant, malgré la maladie, l’hirsutisme, qui lui confère un physique à la fois repoussant et fascinant. Le terme « monstre » est d’ailleurs rapidement utilisé pour la décrire. Di Giusto montre que le dégoût provoqué par Rosalie est en réalité une construction sociale. Une religieuse, avec bienveillance, lui dit : « Nous sommes tous des cas à part, non ? » Et c’est en prenant confiance en elle que Rosalie permet à Abel de la redécouvrir et peut-être de tomber amoureux de sa femme. Benoît Magimel incarne bien la frustration et la curiosité que ressent son personnage dont le point de vue évolue progressivement.
Mettre en valeur la délicatesse de Rosalie
La beauté de Rosalie est sublimée par la photographie du film, où les couleurs douces dominent – notamment la robe de mariée blanche et immaculée. La délicatesse de l’héroïne est renforcée par les plans rapprochés de la caméra. L’histoire insiste sur la beauté et la sensualité de cette femme pleine de vie, contrairement à ce que ses détracteurs voudraient faire croire. La preuve en est le regard lubrique de Barcelin, le créancier de son mari, interprété par un Benjamin Biolay très à l’aise dans son rôle. De plus, la magnifique chevelure de Rosalie, filmée sous tous les angles, est irrésistible, tandis que les poils de sa barbe, pourtant tout aussi beaux, sont considérés comme laids.
En montant sur la scène du Théâtre Claude Debussy, où son film a été projeté, Stéphanie Di Giusto, émue de sa deuxième sélection cannoise, a remercié ses acteurs pour leur générosité : « J’ai aimé filmer tous ces acteurs, tout simplement. J’ai eu du plaisir et j’espère que ça se ressent dans ce film ». Près de deux heures plus tard, la délicatesse de Rosalie, portée par le duo convaincant Tereszkiewicz-Magimel, avait conquis le public.
Fiche technique
Genre : drame
Réalisatrice : Stéphanie Di Giusto
Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Gustave Kervern, Anna Biolay et Juliette Armanet.
Pays : France
Durée : 1h55
Sortie : prochainement
Distributeur : Gaumont