Dans le contexte de l’évolution des automobiles électriques, certains gouvernements, activement impliqués dans cette transformation, se montrent parallèlement préoccupés par les répercussions financières potentielles.
On sait que l’essence vendue dans les stations-service représente une méthode simple pour les gouvernements d’imposer des taxes. Cependant, que faire si l’essence n’est plus vendue ? Au Japon, le gouvernement songe à taxer les propriétaires de véhicules électriques en fonction du nombre de kilomètres parcourus. Toutefois, cette idée ne suscite pas un consensus général.
Il est important de souligner que le Japon accuse un certain retard en matière de voiture électrique. En effet, ces dernières années, les modèles hybrides ont été privilégiés. En 2020, seules 2 % de toutes les voitures vendues dans le pays étaient entièrement électriques. Ce chiffre est bien inférieur à la proportion de 20 % en Europe ou en Chine. Le gouvernement et les constructeurs, en particulier Toyota, ont réalisé qu’ils devaient accélérer leurs efforts pour ne pas être distancés par la concurrence. Néanmoins, cela suscite un vaste débat sur la fiscalité applicable à ces véhicules.
Une baisse de 22 milliards de yens dans les recettes fiscales ?
Dans tous les pays, trois types de taxes s’appliquent aux véhicules : une taxe à l’achat, un montant annuel pour la vignette, et des taxes sur le carburant perçues à chaque plein. Ce dernier point constitue une part importante du budget de l’administration japonaise : les taxes sur les carburants ont généré 3 200 milliards de yens de recettes, soit 22 milliards d’euros, en 2020. En France, où l’essence est encore plus taxée, l’État recueille 40 milliards d’euros chaque année grâce à cette fiscalité sur les carburants.
Face à l’expansion du marché des véhicules électriques, le Japon se penche sur une nouvelle taxe visant à compenser la perte de ces milliards de yens. En effet, les taxes existantes sont conçues pour financer des dépenses spécifiques telles que l’entretien des routes, des tunnels et tous les travaux visant à améliorer la sécurité du réseau autoroutier. Par conséquent, certains ministères souhaitent trouver une source de revenus alternative.
Une nouvelle taxe basée sur le nombre de kilomètres
L’une des propositions sérieuses est de taxer les véhicules électriques en fonction de la distance parcourue. Ainsi, si l’électricité utilisée pour recharger votre batterie quotidienne n’est pas taxée, vous devrez payer, une fois par an, un nouvel impôt basé sur le nombre de kilomètres au compteur.
Cette idée ne fait pas l’unanimité : constructeurs comme Toyota ou Nissan s’en irritent. Ils estiment que cette mesure risque de freiner la transition vers les voitures électriques, qui coûtent déjà plus cher à l’achat que les modèles à essence. De même, les élus de la droite conservatrice, actuellement au pouvoir au Japon, pensent que cette nouvelle taxe pénaliserait davantage les personnes vivant loin des grandes villes que les citadins, qui n’ont souvent pas de voiture au Japon. Or, la population rurale est un soutien clé des conservateurs lors des élections nationales. Par conséquent, le gouvernement a décidé de temporiser : il reste volontairement évasif et indique que rien n’est encore décidé…