Les critiques disent que l’idée serait « techniquement impossible ». Mais le système est déjà en place dans d’autres pays européens
La France envisage de combiner les cartes d’identité et de santé des personnes dans le cadre d’un plan plus large de réduction de la fraude à la sécurité sociale.
Ce système est déjà en place en Belgique et dans d’autres pays européens.
La fraude à la sécurité sociale en France
Les chiffres exacts sont difficiles à déterminer, mais la fraude à la sécurité sociale en France coûterait à l’État entre 6 et 8 milliards d’euros par an, selon l’autorité des comptes publics la Cour des comptes.
Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a présenté cette semaine un vaste plan de fraude antisociale pour Le Parisien.
Il vise à doubler le nombre d’enquêtes sur la fraude sociale d’ici 2027 par rapport aux niveaux de 2022. Cela signifierait récupérer 3 milliards d’euros de paiements frauduleux.
Il a déclaré : « Je souhaite aller progressivement vers la fusion de la carte Vitale et de la carte d’identité en une seule carte sécurisée, comme c’est le cas en Belgique, au Portugal et en Suède.
« Je lance une mission de préplanification pour déterminer le calendrier et les procédures. Évidemment, ce projet ne pourra être envisagé tant que les délais de production des cartes ne seront pas revenus à la normale.
Par exemple, le ministre veut sévir contre des cas tels que les pensions qui continuent d’être versées à des personnes vivant en dehors de l’UE, même après leur décès. Il a également dit vouloir « renforcer » les conditions de séjour des personnes vivant en France qui veulent « bénéficier des allocations sociales ».
Il s’agit notamment d’imposer au bénéficiaire de résider en France neuf mois dans l’année, au lieu des six mois requis auparavant, pour bénéficier des allocations familiales ou âgées. Accès à l’aide au logement – Aide Personnalisée au Logement -, qui nécessitait auparavant huit mois, nécessitera également neuf mois par an.
M. Attal a déclaré que l’État avait déjà augmenté les retours de fraude sociale de 35% au cours des cinq dernières années. Le nouveau plan ira plus loin, avec un investissement d’un milliard d’euros dans de nouveaux systèmes informatiques, ainsi que la création de 1 000 emplois supplémentaires, a déclaré le ministre.
« Techniquement impossible » ?
Malgré l’annonce de M. Attal, le plan a déjà suscité quelques critiques au sein du gouvernement. Un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur dit à BFMTV qu’il serait « techniquement impossible » de combiner les cartes d’identité avec les cartes Vitale.
« C’est manifestement techniquement impossible à mettre en place », a-t-il déclaré. Il a également affirmé que « le [data protection and digital freedoms authority] la CNIL s’y oppose profondément ».
Il a déclaré : « Nous devons veiller à ne pas interférer avec la protection des données et les libertés individuelles. La solution [to fraud] est de créer une biométrie carte vitalequi a déjà été voté.
Jusqu’à présent, cependant, l’idée d’un système biométrique carte vitale n’a pas abouti, principalement en raison du coût prévu.
Mais M. Attal était confiant dans son projet : « On peut imaginer un modèle où, à partir d’une certaine date, lorsque vous renouvelez votre carte d’identité, elle devient aussi automatiquement votre carte vitale [too].”
Et un rapport par l’Inspection générale des Finances et l’Inspection générale des affaires socialesintitulé « Les évolutions de la carte vitale »concluait : « Les conditions requises pour un tel scénario listées par la CNIL semblent pouvoir être respectées, dans l’attente d’une étude approfondie.
Elle précise également que les « professionnels de santé et établissements de santé interrogés sont favorables » à l’idée car ils « y voient une source de simplification administrative et de sécurité supplémentaire pour les soins ».
Comment fonctionne le système en Belgique ?
La Belgique est le voisin le plus proche de la France qui a déjà mis en place un système combiné d’identité et de carte de santé. La nouvelle eID (carte d’identité électronique) a remplacé l’ancienne carte SIS, à partir de janvier 2014.
Les personnes qui se rendent à l’hôpital n’ont besoin de présenter qu’une seule carte pour accéder aux soins ; leur carte eID. Grâce à cette carte, l’hôpital peut identifier la personne, vérifier ses données et vérifier qu’elle est éligible aux soins de santé nationaux.
La carte évite également les erreurs de facturation et de remboursement et aide mutuelles (compagnies d’assurance maladie) pour traiter plus facilement les demandes de remboursement. Il est également conçu pour prévenir la fraude en matière de soins de santé.
Résidents titulaires d’une carte de séjour pour étrangers (carte d’étranger électronique) peut l’utiliser. Les enfants de moins de 12 ans bénéficient également d’un dispositif similaire, avec une carte « kids-ID » ou une carte santé ISI+.
Les hôpitaux déploient toujours le système à l’échelle nationale, mais tous les hôpitaux seront tenus de vérifier l’identité des patients par voie électronique d’ici janvier 2024. Jusqu’à présent, 70 % des pharmacies utilisent également le système.
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