Un nouveau décret stipule que les agriculteurs peuvent demander l’autorisation d’utiliser la lumière et le son pour effrayer les ours s’ils menacent le bétail
Les agriculteurs des zones de montagne des Pyrénées françaises pourraient être autorisés à utiliser des mesures d’effarouchement des ours, sous certaines conditions, en cas d’attaques contre leur bétail, précise un nouveau décret.
Le gouvernement a publié vendredi 5 mai un décret dans le Journal officiel indiquant que les agriculteurs peuvent demander l’autorisation d’utiliser les mesures, en cas d’attaques d’ours bruns sur leurs animaux.
Il indique que le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, a agi sur la question après que les précédents décrets préfectoraux autorisant les tactiques d’effarouchement des ours aient été annulés par les tribunaux. Ils ont été rejetés car les ours sont une espèce protégée dans la région.
Depuis la réintroduction des ours dans les montagnes dans les années 1990, les agriculteurs ont affirmé que leur bétail était en danger et ont appelé à davantage de mesures préventives. Le Office français de la biodiversité (OFB) a dénombré 331 attaques d’ours sur des animaux d’élevage en montagne en 2022, et 333 en 2021.
Le nouveau décret précise que les préfets de département peuvent autoriser « des mesures d’effarouchement visant à protéger les troupeaux domestiques pour prévenir les dégâts des prédateurs ».
Ces mesures d’effarouchement « de bas niveau » peuvent inclure l’utilisation de lumières (torches, balises) et de sons (cloches, sifflets, sirènes). Des prises de vue sonores non létales peuvent également être autorisées si les mesures précédentes n’ont pas fonctionné et si « le bétail concerné a déjà subi des dommages », a indiqué le gouvernement.
Le décret précise : « Au cœur du Parc national des Pyrénées, aucune mesure d’effarouchement renforcé ne peut être autorisée. Même les mesures d’effarouchement de bas niveau nécessitent l’autorisation du directeur du parc, a-t-il ajouté.
« Les mesures d’effarouchement mises en place depuis 2019 dans les Pyrénées ont réussi à faire fuir les ours et à contrecarrer leurs tentatives d’approcher les troupeaux », a déclaré le gouvernement.
Le décret intervient après la mort récente d’un joggeur dans les Pyrénées italiennes, causée par un ours, a relancé les débats sur les dangers et les menaces posés par les ours bruns dans les montagnes. Il y a actuellement 76 ours dans la région, selon des décomptes récents.
Les ours bruns sont protégés par une directive de l’Union européenne de 1992, qui oblige la France à maintenir une population d’ours viable. Certains scientifiques disent qu’une population « viable » signifie au moins 150 ours.
Ces ours ont été réintroduits dans la région des Pyrénées en 1996. Ils venaient de Slovénie.
Après l’agression du jogger italien Andrea Papi, L’Association de sauvegarde du patrimoine d’Ariège-Pyrénées, qui est composé principalement d’éleveurs de moutons, a déclaré dans un communiqué : « C’est un fait. Réintroduire des ours tue. Habitants, vacanciers, randonneurs, chasseurs, agriculteurs, élus… nous devons tous agir ! Tout doit changer.
Mais dans un communiqué, l’association de défense des ours le Pays de l’ours – Adet s’est dit « vraiment émouvant face à cette tragédie » car « cet événement rare est le premier du genre dans le sud-ouest de l’Europe depuis de nombreuses décennies ».
L’ours qui a tué l’homme a ensuite été abattu, tout comme d’autres animaux « problématiques » qui auraient attaqué le bétail à plusieurs reprises. Même les défenseurs des ours ont appelé à davantage de mesures pour prévenir les décès.