Ils disent qu’une campagne de 10 ans soulignant les graves problèmes de santé dans la ville française n’a pas accéléré le passage à une énergie plus propre
Le Port de Marseille mène un projet de mesure de son impact sur la qualité de l’air dans la ville.
Il fait face à un procès intenté par des associations de résidents pour pollution par les navires de croisière et les ferries.
Avec au moins cinq grands ferries ancrés là-bas, les résidents locaux se sont plaints pendant le verrouillage que le mazout malodorant – plus comme du goudron que du diesel – utilisé par les navires jetait un smog brun sur la ville qui causait des problèmes respiratoires.
Les habitants affirment que la promesse faite par les armateurs de n’utiliser que du carburant diesel à proximité de la ville n’a pas eu beaucoup d’effet car les capitaines ne font pas le changement.
Même avant le verrouillage, les habitants ont formé une association pour exprimer leurs inquiétudes concernant la pollution de l’air par les navires de croisière, qui accostent souvent pendant une journée et maintiennent leurs moteurs en marche.
Après une campagne de 10 ans, ils ont lancé une action en justice ce printemps, affirmant que des vies ont été mises en danger par la pollution en raison de l’inaction, de la négligence et de l’imprudence.
Se connecter au réseau électrique
Les autorités portuaires ont présenté des plans existants pour fournir des câbles électriques de grande capacité aux navires.
Cette décision signifie que les paquebots de croisière peuvent utiliser l’électricité du réseau, plutôt que de faire fonctionner leurs moteurs pour produire de l’électricité.
Les militants disent que des années de discussions ont abouti à l’équipement de seulement trois points d’amarrage avec l’équipement nécessaire.
Les trois installations ont été pérennisées et l’étude se prolonge pour voir si le port devrait rendre obligatoire pour les navires l’électricité à quai lorsqu’ils sont à quai.
De nombreux navires qui utilisent le port devront faire installer une nouvelle prise pour accéder à l’électricité à partir du quai.
Le port de Marseille est beaucoup plus proche du centre-ville que la plupart des ports français, ce qui le rend particulièrement sensible à la pollution émise par les paquebots de croisière.
Les résidents se plaignent que la suie des navires recouvre leurs jardins et que l’eau stagnante à l’extérieur a un film huileux.
Les problèmes de santé que les habitants associent à la pollution des navires comprennent les problèmes cardiaques et pulmonaires, les cancers, les allergies et les complications dans le développement des bébés à naître.
Ils disent aussi que les « épurateurs » utilisés pour nettoyer les échappements des navires rejettent de l’eau polluée dans le port, ce qui est interdit.
Les choses commencent à changer
Cependant, les choses commencent à changer.
L’une des grandes compagnies de ferries, La Méridionale, a modernisé les moteurs de son navire amiral Piana avec de nouveaux systèmes d’échappement pour neutraliser l’acidité et filtrer les particules fines.
La société affirme que le système, qui élimine 99 % des particules fines et ultrafines des gaz d’échappement, est le premier du genre sur un navire.
Le système arrêterait la plupart des émissions de soufre, le gaz responsable des pluies acides et du smog.
Il fonctionne en piégeant les polluants dans les filtres du navire, où ils sont ensuite acheminés vers des centres de traitement terrestres.
Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a déclaré : « Grâce à notre projet « non fumeur à quai », nous avons durablement amélioré la qualité de l’air dans nos ports.
« A La Méridionale, on va plus loin, et grâce à ce filtre à particules, le navire le plus vertueux de la Méditerranée prend la mer depuis Marseille.
Piana a été construit en 2011, peut transporter 800 passagers, 2 500 mètres de remorques de fret et 200 voitures, et dispose d’un équipage de 50 personnes. Il est utilisé comme ferry sur la ligne Marseille-Corse.
L’entreprise a reçu des subventions de l’Agence française de l’environnement Ademe et du conseil régional.
La Méridionale, pionnière des systèmes électriques port-navire dès 2015, étudie la faisabilité de la construction d’une centrale électrique au gaz en Corse, où le réseau est insuffisant pour le surcroît de puissance nécessaire aux grands navires.
Le port de Marseille dit espérer avoir les résultats de l’étude sur la qualité de l’air d’ici début 2024, et ajustera ses stratégies en conséquence pour limiter la pollution.
Le port envisage également d’agrandir sa station de ravitaillement en gaz naturel, un carburant de plus en plus utilisé par les navires de croisière.