Il apparaît de plus en plus clairement qu’un homme est au centre des accusations de corruption et de détournement de fonds qui minent actuellement son pays. Les critiques ne ménagent pas leur peine pour le pointer du doigt et le blâmer pour la crise en cours. Ce personnage clé a vu l’étau se resserrer autour de lui, avec des preuves de son implication de plus en plus nombreuses et convaincantes. Si ce qu’on lui reproche s’avère vrai, il pourrait être l’un des principaux responsables de la grave situation économique et sociale qui affecte son pays. Les regards sont donc braqués sur les développements à venir de cette affaire, qui pourrait avoir des répercussions significatives sur la politique et la stabilité de la région.
Riad Salamé, également connu sous le nom de « Madoff libanais », est au centre de la tourmente judiciaire. Malgré les tentatives de la police libanaise de le faire comparaître devant le tribunal judiciaire de Paris, il a refusé de s’y présenter. La juge d’instruction française a donc émis un mandat d’arrêt à son encontre.
Riad Salamé, âgé de 72 ans, est accusé d’avoir acquis illégalement un patrimoine immobilier et bancaire évalué à plus de deux milliards de dollars, réparti en Europe et dans des paradis fiscaux. En juillet 2021, le Parquet national financier de Paris a ouvert une enquête pour blanchiment en bande organisée. D’autres pays européens, tels que la Suisse, l’Allemagne et le Luxembourg, enquêtent également sur lui.
Cependant, il est toujours en poste à la Banque centrale du Liban, en dépit des accusations portées contre lui. Il nie avoir commis des actes répréhensibles et conteste chaque décision judiciaire. Riad Salamé est à la tête de la Banque centrale libanaise depuis 30 ans, nommé en 1993 par Rafik Hariri. Bien qu’il ait été présenté comme un génie de la finance et un visionnaire, il a distribué de généreux prêts et laissé l’Etat s’endetter pour financer la reconstruction du pays.
Néanmoins, sa popularité a chuté après que l’économie libanaise ait commencé à décliner en 2010. Dans la foulée du soulèvement de 2019 qui a secoué le Liban, sa popularité a baissé à peu près au même rythme que celui de la livre libanaise, qui a perdu plus de 80% de sa valeur. Sa famille et ses collaborateurs immédiats ont également été mis en cause. Il a cependant annoncé qu’il allait contester son mandat d’arrêt.
L’avocat des parties civiles, William Bourdon, soutient que « la large dérobade de Salamé est à la mesure de son cynisme et de son refus d’assumer toute responsabilité (…). Un jour ou l’autre, il sera arrêté ». Il accuse également certains magistrats libanais de s’opposer systématiquement à la justice française, ce qui ne facilite pas la tâche de la justice.
Au Liban, justice et intérêts politiques sont souvent étroitement liés. La suite qui sera donnée à la mise en cause judiciaire de Riad Salamé permettra également de juger de la solidité de l’appareil judiciaire de Beyrouth.