Le sujet « Problématique sociale » aborde de nouveau aujourd’hui cette lettre ouverte qui a créé beaucoup de discussions, apparue dans le magazine « Télérama » cette semaine. Dans ce texte, l’actrice Adèle Haenel déclare qu’elle a décidé de quitter le monde du cinéma, entre autres raisons, car cet environnement tolérerait trop fréquemment des comportements sexistes inadmissibles. Nous analysons cette situation avec l’aide du sociologue Jean Viard.
L’actrice Adèle Haenel, lauréate du César de la meilleure actrice en 2015 pour Les Combattants, explique dans une lettre publiée sur le site de Télérama (article payant), les raisons de son retrait du cinéma français. Elle dénonce notamment « la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels, et, plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu’il est ». Cela soulève la question de l’impact réel du mouvement #MeToo, cinq ans après, dans l’ensemble de la société française. Médiatiquement, le retentissement a été spectaculaire.
Franceinfo a mené un débat sur le sujet avec Jean Viard. Selon lui, Adèle Haenel est très radicale et bien que quelque chose a changé dans les rapports entre les hommes et les femmes durant le siècle précédent, #MeToo a accéléré ce processus, avec des excès également, comme toute révolution. Toutefois, il considère qu’il faut juger les révolutions par ce qui se passe après, et non par leurs excès. Le rapport entre hommes et femmes change profondément, mais il est construit sur une culture et une mémoire difficile à changer. Il souligne également l’écart entre les générations sur cette question.
Selon Viard, on assiste effectivement à un changement et une accélération, avec de nombreuses évolutions de comportements et d’attitudes. Toutefois, il reconnaît qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, notamment en termes de salaires, de féminicides et de lutte contre les violences, comme on peut le voir avec l’Espagne, un pays qui a réussi à effectuer un travail énorme dans ces domaines, allant plus rapidement que la France.
En conclusion, Viard considère qu’il est difficile de changer les structures culturelles et que cela nécessite un travail de tous, femmes, hommes et pères.