Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci nous présentent les nouvelles sorties cinématographiques : le film « War Pony » réalisé par Riley Keough et Gina Gammell, ainsi que « La Fille d’Albino Rodrigue » mis en scène par Christine Dory.
Dans War Pony, réalisé par Riley Keough et Gina Gammell, on découvre la vie quotidienne des Indiens Lakota dans la réserve de Pine Ridge, située dans le Dakota du Sud. Ce territoire oublié de l’Amérique, tout comme son histoire, n’a été que très rarement abordé par le cinéma américain, excepté par la représentation erronée du western à la sauce hollywoodienne.
À Pine Ridge, War Pony suit en parallèle deux personnages : Bill, un jeune homme vivant chez sa grand-mère, qui espère s’en sortir en travaillant pour un couple de blancs, jusqu’à ce que leur racisme banal ne le renvoie à sa condition; et Matho, 12 ans, qui tente sans succès de s’impliquer dans le trafic de drogue.
Le film est d’une authenticité incroyable, proche du documentaire, mais avec de belles histoires et de belles images. War Pony atteint son objectif en montrant enfin sur grand écran la réalité des populations dévastées par la pauvreté, l’alcoolisme et le trafic de drogue. Pas de misérabilisme, bien au contraire, une bouffée de vie portée par des acteurs non professionnels bouleversants et des images puissantes, parfois mythologiques, comme les apparitions d’un bison. La terre des premiers Américains vibre toujours.
La Fille d’Albino Rodrigue, de Christine Dory
Ce film est inspiré de faits réels et d’un véritable fait divers. On plonge dedans en suivant les traces de Rosemay, une jeune fille placée dans une famille d’accueil qui retourne, sans prévenir, chez elle, auprès de sa famille biologique. Mais elle se rend compte assez vite que quelque chose ne va pas.
Elle tente de voir ou, au moins, d’entrer en contact avec son père, Albino, un garagiste, mais sa mère invente toujours de nouvelles raisons pour l’en éloigner. Et cette jeune fille que l’on imagine fragile, maladroite, un peu effacée et même presque illettrée, va révéler une immense force et une grande persévérance pour connaître la vérité, comprendre et nous entraîner avec elle. C’est Galatea Bellugi qui l’incarne, tandis qu’Émilie Dequenne interprète brillamment sa mère, perverse, manipulatrice et menteuse.
La Fille d’Albino Rodrigue est un parfait exemple de petit film qui semble anodin en apparence, avec notamment une sobriété bienvenue, mais qui nous emporte et nous captive, et qui continue de nous hanter longtemps après l’avoir vu, en grande partie grâce à ses interprètes.