Les 24 Heures du Mans représentent une opportunité pour les fabricants de véhicules d’expérimenter de nouvelles technologies. Voici un aperçu de certaines avancées qui ont fait le chemin entre les voitures de compétition et nos automobiles du quotidien.
La course phare du championnat du monde d’endurance automobile est souvent surnommée « le laboratoire des laboratoires ». Sur le circuit des 24 Heures du Mans, de nouvelles technologies sont expérimentées chaque année, concernant tant la performance des voitures que la sécurité ou la réduction des émissions de CO2. Certaines de ces innovations se retrouvent par la suite dans les véhicules grand public.
Ce rôle d’accélérateur de recherche dans l’industrie automobile découle naturellement du programme et du calendrier du championnat du monde d’endurance automobile, selon Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l’Ouest, association organisatrice des 24 Heures du Mans. « Dans la compétition, vous avez la recherche de la performance, de la sécurité, de la fiabilité », énumère Pierre Fillon. « Cela pousse tous les ingénieurs, toutes les équipes à aller beaucoup plus vite, puisqu’il y a des rendez-vous régulièrement. » Les différentes courses du championnat du monde sont organisées en moyenne tous les mois, de mars à novembre.
Les routes actuelles ont été conçues progressivement grâce aux tests effectués sur le circuit du Mans depuis 1922. Les premiers pilotes ont d’abord roulé sur de la terre battue, avant que la ligne droite des Hunaudières ne soit revêtue d’un mélange d’éclats calcaires, d’une émulsion goudron-bitume, recouvert de gravillons goudronnés. Ce revêtement est étendu dès 1926 à tout le circuit et s’imposera comme une solution sécurisée, pérenne et économique pour toutes les routes de France.
Pour les pilotes, participer à une course de 24 heures représente un véritable défi, non seulement en termes d’endurance, mais aussi d’adaptation aux différents climats à différents moments de la journée. Si la nuit n’est pas vraiment problématique, le petit matin est plus compliqué lors des premières éditions de la course, en raison de la brume matinale qui aveugle les pilotes. En 1926, les voitures du constructeur Lorraine-Dietrich sont les premières à être équipées de phares antibrouillard. Résultat : cette année-là, les trois voitures du constructeur occupent le podium, et tous nos véhicules sont aujourd’hui équipés de phares antibrouillard.
L’une des exigences de sécurité d’une course comme les 24 Heures du Mans est la performance des freins, qui doivent être efficaces dès les premiers kilomètres de la course et jusqu’à la fin. C’est Jaguar qui équipe pour la première fois ses voitures de freins à disque, en 1953. Le constructeur réalise un doublé cette année-là et la technologie se fait progressivement une place sur les voitures de course puis de série. Preuve de leur efficacité, les freins à disque sont également utilisés depuis longtemps dans l’aviation.
L’histoire de l’innovation au Mans ne s’est pas arrêtée. Le défi auquel doit aujourd’hui s’attaquer l’industrie automobile est la décarbonation. « Je pense que personne ne pense sérieusement à supprimer l’automobile, estime Pierre Fillon. C’est un outil de liberté fondamental, on en a besoin pour aller travailler, pour se faire soigner, pour emmener ses enfants à l’école. » Depuis 2022, les voitures qui prennent le départ des 24 Heures du Mans ne contiennent plus une goutte de pétrole. Elles roulent grâce à un biocarburant développé par TotalEnergies, à base de résidus vinicoles, l’Excellium Racing 100.
La prochaine ambition de l’Automobile Club de l’Ouest est fixée à 2030, où idéalement toutes les voitures au départ des 24 Heures rouleront à l’hydrogène. Pour l’instant, une grande partie des voitures sont hybrides et la mission H24 est chargée d’imaginer la première voiture de course alimentée à l’hydrogène. Le prototype de l’écurie H24 Racing devrait prendre le départ de la course en 2025 ou 2026.