La dirigeante d’Horizons présente ses idées concernant l’immigration, pendant que les partis de droite et les autorités gouvernementales tentent de trouver un consensus sur ce thème.
L’ancien Premier ministre dévoile son point de vue sur l’immigration dans une entrevue à L’Express (article payant) publiée le lundi 5 juin. Edouard Philippe prône la remise en question d’un accord de 1968 conclu avec l’Algérie concernant les questions migratoires. Il s’oppose également à ce qu’il appelle une « immigration du fait accompli », dans un contexte où le sujet est débattu par la majorité et la droite, qui discutent actuellement d’un projet de loi du gouvernement sur la question.
Le maire du Havre revient en détail sur l’accord signé en 1968 avec l’Algérie, qui organise l’entrée, le séjour et l’emploi des Algériens en France selon des règles dérogatoires au droit commun. Il note que sur certains points, les Algériens sont favorisés par rapport aux autres étrangers (notamment en matière de regroupement familial), tandis que sur d’autres, ils sont perdants (notamment pour les étudiants).
« Aucun ressortissant d’un autre État ne bénéficie de tels avantages », estime l’ancien Premier ministre. « Bien entendu, il y a des relations historiques extrêmement puissantes entre la France et l’Algérie, mais le maintien aujourd’hui d’un tel dispositif avec un pays avec lequel nous entretenons des relations compliquées ne me paraît plus justifié », ajoute Edouard Philippe.
Il explique son point de vue
Dans cette entrevue, le fondateur du parti Horizons évoque une « immigration du fait accompli » en France, avec « une accélération très forte de l’augmentation du nombre d’étrangers » depuis le début des années 2000. Il note également un changement dans la provenance géographique des étrangers, avec une plus grande proportion d’entre eux venant d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne. « Pendant cette période, la population française a augmenté de 9% et le nombre d’étrangers a augmenté de 53%. Et rien dans cette évolution ne correspond à un choix politique ou à une décision que nous aurions prise », ajoute l’ancien Premier ministre.
Edouard Philippe s’attaque à « trois non-dits » en matière d’immigration. « D’abord, on dit qu’on veut moins d’étrangers en France, mais lorsqu’un certain nombre de nos concitoyens le disent, ils visent en réalité des personnes qui sont françaises, parfois depuis trois générations. Ce n’est pas le contrôle de l’entrée des étrangers en France qui réglera ce problème. C’est un sujet d’intégration, d’éducation, de civisme », explique-t-il. « Le deuxième non-dit concerne l’islam », devenu « un sujet central, un sujet inquiétant, un sujet obsédant ».
« Enfin, il y a le non-dit du travail. Beaucoup de Français trouvent qu’il y a trop d’étrangers en France, mais dans les restaurants parisiens, dans l’industrie touristique, dans le secteur agricole, dans toute une série de secteurs économiques qui ne sont pas en crise et qui sont indispensables à la réussite française, on se repose sur un nombre d’étrangers tout à fait impressionnant », ajoute l’ex-locataire de Matignon.
Il approuve les propositions de Darmanin
L’ancien Premier ministre se dit « très en soutien des propositions formulées par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt », alors que l’exécutif cherche à obtenir une majorité parlementaire avec Les Républicains sur le sujet de l’immigration. « Cette loi est nécessaire, mais je sais qu’elle n’est pas suffisante », nuance-t-il toutefois.
Il se déclare « opposé à toute régularisation massive et favorable au principe proposé par Olivier Dussopt, qui consiste à permettre à des gens exerçant des activités professionnelles dans des secteurs où l’intérêt national commande de pouvoir continuer à le faire. Je préférerais que cette régularisation se fasse au cas par cas ».
Enfin, il déclare comprendre « l’objectif poursuivi par LR », qui souhaite modifier la Constitution afin de pouvoir déroger au droit européen et international, mais « cette proposition n’est pas satisfaisante dans ses modalités. Elle serait interprétée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une forme de ‘Frexit’ juridique ».