Le vendredi 9 juin marque une phase importante des élections sénatoriales de septembre prochain. Les électeurs principaux vont être choisis. Il s’agit d’un processus électoral compliqué, qui a été critiqué notamment dans la ville de Paris.
Rappelons quelques principes de base : il y a 348 sénateurs, élus pour six ans. Le Sénat est renouvelé par moitié tous les trois ans au suffrage universel indirect. « Indirect » signifie que les sénateurs sont élus par des grands électeurs, au nombre de 160 000 dans toute la France.
Parmi ces grands électeurs, on trouve des conseillers régionaux et départementaux, des sénateurs, des députés, des élus municipaux… ainsi que des délégués municipaux, qui seront donc désignés aujourd’hui. Sauf pour Paris, où le système est légèrement différent.
Dans la capitale, en plus des conseillers régionaux, départementaux et autres députés, il y a 163 conseillers de Paris. Chaque conseiller de Paris peut choisir 17 délégués ou grands électeurs qu’il place sur des listes. 163 x 17 : cela fait un total de près de 2 800 personnes choisies par les élus parisiens pour soutenir leurs candidats au Sénat.
Les grands électeurs à Paris, un « scrutin malsain »
Parmi ces 2 800 grands électeurs, qui ne sont pas politiques, on trouve de tout. Les élus ont la discrétion de choisir et cette méthode est critiquée pour son soupçon de favoritisme. Comme l’explique un maire d’arrondissement parisien : « On prend des amis, des membres d’associations qu’on connaît, des gens en qui on a confiance… » Pour s’assurer que leurs grands électeurs suivent leurs consignes de vote, certains élus parisiens se tournent vers leur réseau personnel, leur famille, ou quelqu’un dont ils ont accueilli l’adolescent en stage de 3e…
Finalement, ces grands électeurs n’ont souvent aucun lien avec la vie politique et peu de légitimité pour apprécier le travail des candidats au Sénat. Ils votent donc souvent comme on leur demande de voter. « C’est un scrutin malsain et clientéliste », déplore un conseiller de Paris.
Cette méthode de nomination des grands électeurs semble éloignée des aspirations démocratiques actuelles. Le principe des grands électeurs n’est pas nécessairement à remettre en question. Le Sénat, c’est l’assemblée des territoires. Les sénateurs sont en lien avec les maires. Ils font remonter des problématiques de terrain, qu’ils soient élus par d’autres élus n’est pas un problème.
Pourquoi ne pas tirer au sort les grands électeurs ?
Cependant, le fait que des grands électeurs soient de simples citoyens choisis par les élus locaux pose question. Peut-être devrions-nous envisager d’autres solutions ? Outre les élus, qui seraient toujours grands électeurs, un tirage au sort parmi le reste du collège électoral pourrait éviter les calculs et les soupçons de favoritisme.
Les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre prochain. À cette occasion, la moitié du Sénat sera renouvelée.