Le futur dirigeant de la Conférence climatique des Nations Unies qui aura lieu à Dubaï est également le directeur général de l’entreprise nationale du pétrole d’Abu Dhabi. Il fait de son mieux pour se positionner en tant que protecteur de l’environnement.
Le 7 juin, Sultan al-Jaber a admis pour la première fois que « la réduction des énergies fossiles était inévitable », alors que la Conférence de Bonn (Allemagne), qui doit préparer le grand sommet de novembre et décembre à Dubaï, se clôture la semaine prochaine. Cela ne devrait pas être exceptionnel venant du directeur de l’ONU lors de la COP28 (Prochaine conférence climat). Toutefois, cela est surprenant venant de lui, car il préside l’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), l’un des premiers groupes pétroliers au monde, tout en étant ministre de l’Industrie et de la Technologie innovante.
Faux profils et greenwashing
Récemment, The Guardian a révélé que la fiche Wikipedia de Sultan al-Jaber aurait fait l’objet d’un « greenwashing » de la part d’un anonyme payé par l’ADNOC. D’autre part, selon The Guardian, le responsable marketing de la COP28, Ramzi Haddad, aurait ajouté plusieurs citations le décrivant, par exemple, comme le « premier PDG à la présidence de la COP qui a joué un rôle clé dans le chemin à suivre par le pays en matière d’énergie propre ». Le média a également révélé qu’une armée de faux comptes de réseaux sociaux aurait multiplié les posts pour redorer le blason d’Al-Jaber, en citant cette fois l’enquête d’un spécialiste du Moyen-Orient, Marc Owen Jones.
Un réformateur aux Émirats arabes unis
La partie de son parcours un peu plus « verte » est la raison pour laquelle Al-Jaber a été choisi par les Émirats arabes unis pour présider la COP28. De son nom de naissance Ahmed Al-Jaber, il a été considéré comme un réformateur dans son pays. Il a étudié aux Etats-Unis et en Angleterre et a occupé diverses fonctions, comme président du port d’Abu Dhabi ou encore de l’Agence publique des activités médiatiques. En 2006, il a fondé la société d’énergie renouvelable Masdar, qui vise à étendre sa capacité d’énergie propre à 100 GW, ce qui en ferait le deuxième plus grand investisseur dans les renouvelables au monde.
Le défi de la décarbonation
Al-Jaber et de nombreux pays du Golfe cherchent à décarboner grâce à la technologie, sans chercher à produire moins ou émettre moins de gaz à effet de serre. La capture du carbone en est un exemple. Cependant, en tant que patron de l’ADNOC, Al-Jaber a cherché à augmenter leur production de pétrole brut de 3 millions de barils par jour en 2016 à 5 millions d’ici 2030.
Un interlocuteur privilégié auprès de l’ONU
Al-Jaber est depuis longtemps le référent émirati auprès de l’ONU. En 2009, Ban Ki Moon, alors secrétaire général, l’avait nommé à son groupe consultatif sur l’énergie et le changement climatique, et obtenu d’installer le siège de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) à Abou Dhabi.
Sa nomination comme président de la COP28 en janvier dernier a fait hurler les ONG et, il y a quelques jours, une centaine d’élus européens et américains ont demandé qu’il soit démis. The Guardian a également révélé un risque de conflit d’intérêts : ils partageaient en fait le même serveur informatique que la compagnie pétrolière.