Le Festival international du film d’animation d’Annecy, qui commence le 11 juin, a manifesté son « appui aux familles et aux personnes touchées » par l’agression au couteau ayant entraîné six blessés dont quatre enfants.
Trois jours après l’attaque qui a terrifié Annecy, la ville essaiera de retrouver un peu de légèreté en accueillant, dimanche 11 juin, son festival international d’animation. L’enthousiasme autour des Tortues Ninja et du centenaire de Disney s’alliera à celui des œuvres pour adultes, en plein essor.
Dès jeudi 8 juin, la direction et l’équipe du festival ont exprimé leur « stupeur » et adressé leurs « pensées » aux victimes de l’agression au couteau qui a fait six blessés, dont quatre très jeunes enfants, dans un communiqué. Considérant le « caractère isolé » de l’attaque, elles ont décidé de maintenir le principal rendez-vous mondial de l’animation, placé « sous le signe des valeurs qu’il a toujours défendues : le partage, la solidarité et la fraternité », pour accueillir plus de 13 000 participants jusqu’au 17 juin.
Solidarité avec les victimes de l’attaque au couteau
Cependant, le lancement des séances en plein air a été reporté au lundi 12 juin « en signe de soutien aux familles et aux victimes ». « Le petit Nicolas, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » aurait notamment dû être projeté dimanche aux abords du lac d’Annecy, un an après y avoir remporté le Cristal d’Or.
Onze longs-métrages, un record, sont en compétition pour lui succéder, dont « Sirocco et le Royaume des courants d’air » de Benoît Chieux, qui ouvre la danse dimanche et suit deux sœurs prises au piège dans l’univers de leur livre favori. Des films pour adultes, comme « La Sirène » de la dissidente iranienne Sepideh Farsi sur la guerre Iran-Irak, le polar de science-fiction « Mars Express » du Français Jérémie Perin, « Art College 1994 » du Chinois Liu Jian, ainsi que des œuvres plus adaptées aux enfants, comme « Le royaume de Kensuké », tiré du best-seller éponyme du Britannique Michael Morpurgo, seront également projetés.
Hors compétition, Disney, qui célèbre cette année son centenaire, présentera les premières images de son film de fin d’année, « Wish, Asha et la bonne étoile ». Le studio aux grandes oreilles offrira également une leçon de cinéma de son dessinateur Eric Goldberg (« Aladdin », « Pocahontas »…), ainsi qu’une projection de « Élémentaire », le nouveau Pixar qui a clôturé le 76e Festival de Cannes.
Le Mexique de Guillermo del Toro à l’honneur
Le réalisateur Guillermo del Toro, oscarisé en mars pour « Pinocchio », reviendra à Annecy pour représenter le Mexique, pays à l’honneur de cette 47e édition également placée sous le signe des « fiertés et diversité ».
Autre temps fort, la projection d’une version en cours de travail de « Ninja Turtles : Teenage Years » (Paramount et Nickelodeon), sur l’adolescence de Donatello, Michelangelo, Leonardo et Raphaël, coproduite par l’acteur américain Seth Rogen.
S’y ajouteront la présentation des coulisses du « Seigneur des anneaux : la guerre des Rohirrim », du Japonais Kenji Kamiyama. Cette nouvelle déclinaison de l’univers de Tolkien, située 250 ans avant les événements de la trilogie de Peter Jackson, doit sortir en 2024.
D’autres films dévoilés en avant-première débarqueront plus rapidement dans les salles ou sur les plateformes, comme le prochain Dreamworks, « Ruby l’Ado Kraken » (28 juin), ou « Nimona », adaptation d’une BD de N.D. Stevenson disponible le 30 juin sur Netflix, qui prépare également une suite de « Chicken Run ».
Un secteur qui vit « toujours un âge d’or »
De nombreuses conférences consacrées à des œuvres aussi diverses que l’excentrique « Rick et Morty » ou la mignonne « Bluey » ponctueront une semaine qui permettra, avec le marché lié au festival, de prendre le pouls du secteur.
Ce dernier vit « toujours un âge d’or », assure Mickaël Marin, le directeur de l’organisateur Citia. « Il y a plus de public transgénérationnel, beaucoup plus de productions » internationales au-delà du podium États-Unis/Japon/France, tandis que les plateformes de streaming ont favorisé l’essor de l’animation pour adultes « avec des films qui ailleurs n’auraient jamais pu voir le jour », explique-t-il à l’AFP.
Et ce, même si ces plateformes, en difficulté après des années flamboyantes de croissance, semblent ralentir leurs commandes, se « recentrant » pour certaines sur « la qualité plutôt que la quantité ». Preuve que le secteur se porte bien : c’est un film d’animation, « Spider-Man : Across the Spider-Verse », en partie dévoilé à Annecy l’année dernière, qui domine cette semaine les box-offices français et nord-américain.