L’ancien chef du gouvernement remarque ce mercredi sur France Inter une « évolution périlleuse » du parti Les Républicains et redoute que les barrières séparant la droite et l’extrême droite soient « en passe de céder ».
Le mercredi 21 juin, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a critiqué l’attitude des députés Les Républicains sur France Inter concernant leurs deux propositions de loi sur l’immigration. Selon l’ancien ministre de Jacques Chirac, c’est une « erreur stratégique » et une « dérive dangereuse » pour le parti LR de se positionner sur le terrain du Rassemblement national. Dominique de Villepin craint que Les Républicains perdent non seulement leur identité, mais aussi leurs valeurs et leurs principes qui avaient été clairement établis jusqu’à l’époque de Jacques Chirac.
Dominique de Villepin estime que nous assistons actuellement à une évolution de la démocratie libérale vers la démocratie illibérale, pratiquée par des personnes comme le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban. Il affirme d’ailleurs qu’il existe chez les Républicains un certain nombre d’admirateurs de Viktor Orban. Il craint donc que les frontières entre l’extrême droite et la droite en France ne soient en train de s’effriter et déplore le comportement de certains responsables politiques, y compris à droite, qui, se sentant impuissants, pensent qu’il n’y a pas d’autre solution que de durcir encore leur position, quitte à passer du côté des extrêmes.
Dominique de Villepin constate également une « droitisation » de la politique française et une marche vers l’extrême droite qui semble difficile à arrêter. Selon lui, cette évolution politique est due à un « sentiment d’impuissance publique ». L’ancien ministre de droite estime que les Français ont l’impression que la mondialisation les assaille, que leur niveau de vie et leur pouvoir d’achat diminuent, que les services publics se dégradent et que l’éducation et la santé sont menacées.
Face à ce constat, Dominique de Villepin appelle à « arrêter la fuite en avant financière » et affirme qu’il est temps d’arrêter le « quoi qu’il en coûte ». Il conseille également au gouvernement de « reprendre le contrôle de la situation, de reprendre le contrôle des services publics et de remettre en marche les administrations ». Selon l’ancien Premier ministre, gouverner doit devenir la priorité, alors que nous avons cru qu’il fallait à tout prix réformer.
Pour y parvenir, Dominique de Villepin estime qu’il est nécessaire d’avoir des ministres et des administrations qui disposent de feuilles de route claires et qui cherchent à progresser pas à pas. Il plaide également pour une communication plus réduite, regrettant que la politique cède la place à la communication, ce qui entraîne, selon lui, une fuite en avant vers la démagogie et le populisme.