Le jugement de la Cour des comptes concernant les Finances publiques a été délivré : les anticipations budgétaires du gouvernement n’inspirent pas la confiance en elles. La lecture de la situation par Fanny Guinochet.
Le verdict a été rendu : la Cour des comptes accuse le gouvernement de faire preuve d’un excès d’optimisme concernant sa compétence à rétablir l’équilibre de nos dépenses publiques. Bercy prévoit pourtant un déficit de 2,7% du PIB, à la conclusion du quinquennat, mais l’organisme dirigé par Pierre Moscovici pense que nous dépasserons largement les 3% du PIB, soit du produit intérieur brut, autrement dit de notre patrimoine généré.
Malheureusement, la Cour suppose que la France sera le seul membre européen à ne pas parvenir à contenir ce déficit public sous ce seuil d’ici trois ans, tandisque l’Italie ou l’Espagne qui, même si leurs économies sont nettement plus fragiles que la nôtre, y arriveront, vu la difficulté du gouvernement à tenir ses promesses actuelles. De son point de vue, c’est une cause perdue.
Les incidences potentielles sont que la France puisse être placée sous la surveillance de Bruxelles, et entrersous une forme de contrôle européen. Auparavant, avant la pandémie du Covid, les nations ayant un déficit supérieur à 3% étaient sous le coup d’une procédure connue sous le nom de déficit excessif par l’Europe. Ce dispositif a été suspendu pendant l’épidémie sanitaire, car tous les pays ont dû augmenter leurs dépenses, à l’image du célèbre « quoi qu’il en coûte ».
Bercy doit identifier 60 milliards d’euros d’économies avant la fin du quinquennat
Mais dès l’année prochaine, la Commission pourrait rétablir les régulations budgétaires strictes. Et si la France se montre trop indisciplinée, elle pourrait bien faire l’objet d’un avertissement de la part de Bruxelles. Ce qui pourrait être interprété de manière négative par nos alliés européens, mais aussi par nos investisseurs. C’est d’autant plus problématique que notre déficit n’est pas le seul point négatif : Il y a aussi une dette excessive, comme le souligne la Cour, avec en plus un risque accru de débordement.
La France se doit donc d’aller au-delà des réductions de coûts, d’après la Cour. Pour elle, il faut aller bien plus loin que l’examen des dépenses publiques, que Bruno Le Maire a mis en œuvre pour déterminer où on pourrait effectuer des coupes budgétaires. Le ministre de l’Économie insiste sur le fait que son but est de faire rentrer la France dans les limites fixées d’ici la fin du quinquennat, mais la Cour lui demande de redoubler d’efforts. Comme par exemple de cesser de se disperser en projetant un plan pour le vélo de deux milliards d’euros, une hausse des dépenses militaires, une augmentation des bourses étudiantes, etc. En conclusion, elle demande à Bercy de reconsidérer sa stratégie et de trouver au total 60 milliards d’euros d’économie avant la fin du quinquennat.