Suite à ses deux films « Suis-moi, je te fuis » et « Fuis-moi, je te suis » qui ont été lancés en France en 2022, le célèbre metteur en scène japonais fait son retour avec une œuvre cinématographique traitant habilement les tragédies de la vie humaine.
Le célèbre réalisateur japonais Koji Fukada, dont une partie de la filmographie a été présentée lors de « L’été Fukada » en 2022, revient sur le devant de la scène avec son nouveau long-métrage intitulé « Love Life ». Ce drame, dont la mise en scène est très soignée, suit une famille bouleversée par un événement tragique. Le film sortira dans les salles de cinéma le 14 juin.
L’histoire commence sur un balcon, dans une cité située en périphérie d’une ville japonaise anonyme. On y découvre Taeko (Fumino Kimura), qui étend du linge tout en jouant au jeu de société Othello avec son jeune fils Keita (Tetta Shimada), qui y est particulièrement doué. Dans le parc situé en face de leur immeuble, des jeunes adultes répètent une chorégraphie pour fêter l’anniversaire du père de Jiro (Kento Nagayama), le mari de Taeko.
Taeko et Jiro se sont mariés un an auparavant, malgré l’opposition des parents de Jiro, et surtout de son père Makoto (Tomorowo Taguchi). En effet, ils n’aiment pas Taeko, une femme divorcée et mère d’un enfant. Les beaux-parents de Taeko auraient préféré que Jiro épouse une femme plus en phase avec leurs critères, et espèrent maintenant que leur fils donne naissance à un « petit-fils bien à eux » avec Taeko. Cependant, l’arrivée d’une jeune femme, qu’ils reconnaissent rapidement comme l’ancienne petite amie de Jiro, bouleverse les choses.
Au début, Kôji Fukada nous met sur une fausse piste et présente une histoire d’amour perturbée par les événements de la vie et par le poids des traditions japonaises. Mais rapidement, le réalisateur crée la surprise en introduisant un rebondissement tragique dont il est préférable de ne pas dévoiler la nature. Ce coup de théâtre donne alors une nouvelle orientation au film, révélant les aspects les plus profonds de la vie conjugale et familiale.
Le drame, qui explore les thèmes de la famille, des relations amoureuses, de la communication, de la solitude, de la trahison et du deuil, est mis en scène de manière très habile par Kôji Fukada. En utilisant le décor d’un appartement exigu pour représenter l’intimité et les espaces plus vastes des immeubles pour représenter la vie sociale, le réalisateur met en avant la dualité entre l’intérieur et l’extérieur, ainsi que la distance physique et émotionnelle entre les personnages.
Le film s’intéresse également à l’incommunicabilité entre les êtres et au langage, en mettant en scène le personnage de Park (joué par l’acteur malentendant Atom Sunada), père de Keita et ex-mari de Taeko, qui est plus proche de Taeko grâce à la langue des signes que de son nouveau mari, Jiro.
Au travers des nombreux éléments qui constituent cette œuvre fascinante, Kôji Fukada interroge les spectateurs sur l’amour, la famille et la société japonaise, et parvient à offrir un regard critique sur un système patriarcal rigide et une société où l’expression des sentiments est souvent réprimée.