La valeur historique des pierres est contestée. Mais leur destruction a déclenché une dispute
Le maire d’une commune française dans laquelle d’anciennes pierres de menhir ont été détruites pour faire place à un magasin de bricolage a été placé sous protection policière.
Olivier Lepick et sa famille ont été protégés après avoir reçu des menaces de mort dans le cadre du permis d’urbanisme de Carnac, en Bretagne.
Samedi 10 juin, une église locale a été aspergée de graffitis en relation avec la polémique.
La dispute a éclaté après qu’un archéologue local, Christian Obelitz, a revendiqué « 39 menhirs reconnus par l’office régional de la culture la Drac ». (la Direction régionale des affaires culturelles) avait été détruite » et que « des explications étaient nécessaires ».
M. Obelitz a affirmé que la construction du site de Mr Bricolage était « totalement illégale », bien que les autorités aient toujours soutenu que le permis de construire avait été accordé par les voies appropriées et que l’importance historique de la zone était contestée.
‘Des menaces de mort’
M. Lepick a déclaré que sa femme et ses filles avaient été « menacées et insultées » sur quatre petits menhirs, qui étaient encore « scientifiquement incertains » (contrairement aux menhirs d’importance historique confirmée ailleurs dans la région).
Et qui me vaut une protection des gendarmes, mon épouse et mes filles menacées et insultées.
—Olivier Lepick (@OlivierLepick) 9 juin 2023
Le préfet du Morbihan, Pascal Bolot, a apporté son soutien au maire, affirmant qu’il « condamne ces démarches et les comportements inacceptables dont le maire et sa famille ont été victimes ».
Dans un communiqué, la préfecture précise : « Après s’être rendu à Carnac, le préfet a pu apporter tout son soutien au maire et a demandé à la gendarmerie de vérifier son bien-être et d’être en état d’alerte maximale ».
Église aspergée de graffitis
L’église locale de la ville a également été attaquée, avec des « tags » graffitis, à la suite de la débâcle.
L’église Saint-Cornély de Carnac, elle-même classée monument historique, a été vandalisée avec des graffitis écrits sur son côté, a confirmé M. Lepick le 11 juin. L’écriture semblait se lire : « Rasez tout [to the ground]comme les menhirs.
M. Lepick a souligné l’ironie d’un site historique vandalisé, dans un débat sur la protection des sites historiques.
Il a écrit sur Facebook : « J’imagine que les farouches protecteurs de notre patrimoine qui appellent à ma mort, incendient ma maison et attaquent ma famille sont les mêmes qui, hier soir, ont peint à la bombe et profané un joyau du XVIe siècle, notre église de Saint-Cornély.
Il a ajouté: « Je pense que c’est Albert Einstein qui a dit que les deux seules choses infinies étaient l’univers et la stupidité humaine. Je suis profondément attristé. »
Le maire a rappelé qu’il s’était « pleinement conformé à la législation » et a également évoqué la « faible valeur archéologique » des objets trouvés sur le site.
Préfet : Permis de construire légal, pierres « pas d’importance majeure »
La préfecture a commenté le tollé et confirmé à nouveau que le permis d’urbanisme avait été accordé « légalement ».
Il précise : « Le directeur régional des affaires culturelles a déjà eu l’occasion de commenter en détail cette question, soulignant notamment que les pierres découvertes sur le site lors des travaux de diagnostic menés en 2015 ne sont pas d’importance majeure.
« Le préfet confirme la nature juridique du permis d’urbanisme. »
Le communiqué ajoute que la demande de permis d’urbanisme a été déposée en 2022, et que l’octroi du permis est conforme au plan local d’urbanisme (PLU) et respecte les règles de zonage.
« Le projet a également reçu des avis favorables de la commission départementale d’aménagement commercial (CDAC), l’architecte de Bâtiments de France (ABF), et la mission régionale pour les activités environnementales (MRAe).
« L’étude d’impact jointe au dossier, qui a été soumise à la participation du public par voie électronique (PPVE), n’a soulevé aucune observation relative à la présence de [historical] restes. »
Le préfet a ajouté que le dossier du permis d’urbanisme avait également été examiné par le service de contrôle de légalité de la préfecture du Morbihan, qui n’a pas non plus relevé de problème.
la Bretagne Direction régionale des affaires culturelles (Drac) a également souligné à nouveau le « caractère encore incertain et en tout cas non majeur de ces ruines ».
Carnac et ses environs abritent environ 4 000 menhirs. Les pierres sont généralement hautes et placées debout, et on pense qu’elles sont associées à la fertilité.
Alors que le terme « menhir » est généralement utilisé pour décrire les sites français, il est également parfois utilisé en référence aux pierres d’autres endroits célèbres, tels que Stonehenge dans le Wiltshire, au Royaume-Uni.